2022 M04 15
Alors que le printemps pointe le bout de son nez et que les températures remontent enfin, voilà que le spectre de la sécheresse fait son retour et inquiète le monde agricole. C’est particulièrement le cas dans le sud, en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, où il n’a pas beaucoup plu depuis janvier : seulement 64 mm depuis le 1er janvier contre 200 mm en moyenne.
Un constat qui inquiète aussi d’autres régions françaises, notamment la Nouvelle-Aquitaine, le Grand Est et le Nord, puisque les faibles pluies de cet hiver n’ont pas rechargé les nappes phréatiques. Ces dernières années, la sécheresse a mis à l’épreuve le monde agricole en France mais aussi dans le reste du monde, et le réchauffement climatique devrait aggraver les choses dans les années à venir.
Pour y faire face, nous pouvons néanmoins compter sur des idées ingénieuses, de vieilles techniques remises au goût du jour et des startups inventives. Voici donc un petit aperçu des techniques qui permettent de faire face au manque d’eau en agriculture.
Agrivoltaïsme et irrigation connectée
Préserver la ressource en eau, c’est la première des initiatives à prendre pour éviter de se retrouver en difficulté lorsqu’il y a sécheresse. Les agriculteurs l’ont bien compris et de nombreuses solutions voient le jour actuellement pour les aider à mieux irriguer. Ces innovations, ce sont bien souvent des capteurs connectés qui permettent de mesurer l’humidité des sols.
Grâce aux informations de ces capteurs, les agriculteurs peuvent ainsi savoir avec une précision extrême la quantité d’eau qu’il faut appliquer dans les parcelles et les zones à irriguer en priorité. On appelle ça l’agriculture de précision et cela permet d’optimiser les rendements tout en économisant la ressource en eau. En France, des startups comme Weenat ou Telaqua proposent ce type de technologies.
Certaines vont également plus loin en alliant la production d’électricité renouvelable et la protection des cultures. Quel rapport avec l’eau ? C’est très simple : les panneaux solaires, en faisant de l’ombre aux cultures, les protègent du soleil et évitent ainsi l’évapotranspiration. Le sol conserve donc son humidité plus longtemps et cela permet de consommer moins d’eau. En bonus, ces panneaux solaires produisent de l’électricité renouvelable. Un combo gagnant-gagnant qui commence à se développer sous la houlette d’acteurs comme Sun’Agri ou encore Ombrea.
L’agroforesterie, la solution naturelle la plus efficace
Ce concept des panneaux solaires qui font de l’ombre aux cultures pour leur permettre de conserver leur humidité plus longtemps, est une innovation qui s’inspire grandement des préceptes de l’agroforesterie, une technique qu'on vous a déjà présentée dans le dernier épisode de notre podcast, qui consiste à mettre des arbres et des haies autour des cultures.
Dans la Grèce antique, par exemple, il y avait souvent des oliviers au milieu des vignes afin de les protéger du soleil. Un concept qu’on retrouvait aussi en France, où les abricotiers poussaient au milieu des vignes occitanes. Une technique abandonnée petit à petit au profit d’une agriculture intensive qui privilégie les grandes cultures et le recours aux machines agricoles peu compatibles avec le fait d’avoir des arbres au milieu des champs.
Mais aujourd’hui, les agriculteurs qui s’orientent vers des pratiques agricoles durables remettent au goût du jour l’agroforesterie. Un atout pour faire face aux aléas climatiques.
La réutilisation des eaux usées : la meilleure solution ?
Les eaux traitées des stations d’épuration représentent un intérêt particulier pour irriguer les cultures : elles sont riches en fertilisants d’origine organique. La FAO, qui prône la réutilisation des eaux usées traitées, précise ainsi que si la totalité de ces « eaux noires » était valorisée, on réduirait de 30% les engrais azotés et de 15% les engrais phosphatés.
C’est une solution à l’étude pour faire face aux périodes de sécheresse. En Israël, par exemple, pas loin de 80% des eaux usées sont réutilisées pour l’agriculture. C’est aussi le cas à Singapour, qui réutilise 30% de ses eaux usées. En Europe, l’Espagne est à 14% et l’Italie à 8%. En France, par contre, on est seulement à 0,6% de réutilisation des eaux usées. Il existe donc un véritable potentiel pour développer cette technique.