2022 M11 9
Il existe deux types de mines terrestres : celles qui détruisent des véhicules et celles qui estropient les personnes. En 1997, 150 pays ont signé la convention d’Ottawa, un traité interdisant les mines antipersonnel qui tuent autant les militaires que les civils si elles ne sont pas retirées après la fin des combats. Parmi les pays ayant refusé de signer cette convention, on trouve entre autres la Chine, les États-Unis et... la Russie.
En 2022, les mines font encore parti de l’arsenal russe ; utilisées en 2014 lors de l’invasion de la Crimée, son armée les a encore déployées cette année en Ukraine, comme l’a rapporté l’ONG Human Rights Watch.
Russian forces are using landmines in #Ukraine that are:
— Andrew Stroehlein (@astroehlein) June 16, 2022
⚠️ causing civilian casualties and suffering,
⚠️ disrupting food production.
🧵 pic.twitter.com/OVAYJHoZoH
Sans attendre la fin des conflits, un Ukrainien a mis ses talents en informatique et en ingénierie mécanique pour sauver des vies en retirant ces armes de la terre. Pourtant, le jeune Igor Klymenko n’a que 17 ans…
Mineur démineur
Sur le principe, son invention se résume à un détecteur de métaux monté sur un drone quadricopter. En effet, une majorité de mines possède encore une enveloppe métallique même si la Russie a aussi recours à des mines en plastique. Mais l’ajout du lycéen ukrainien se cache dans la solution informatique qui accompagne son engin.
Après avoir survolé une mine, le drone communique ses coordonnées par signal infrarouge à son contrôleur avec une précision de 2 centimètres. En collectant ces datas, il devient possible d’établir une cartographie dynamique des mines non-explosées d’un territoire.
“No child anywhere in the world should have their education taken away by war and conflict.”
— Chegg.org (@cheggdotorg) September 23, 2022
17-year-old #Ukrainian Igor Klymenko, winner of the https://t.co/ye4pu1XVAA #GlobalStudentPrize 2022, at @clintonglobal.#UNweek #Ukraine #StudentVoice pic.twitter.com/ehfPvV1eyf
Pour le moment, Igor Klymenko ne possède que deux prototypes fonctionnels qu’il peaufine avec plusieurs ingénieurs informatiques. Car sa création a été repérée et récompensée par le prix Chegg qui soutient les inventions d’étudiants en technologie. A la clé : 100 000 dollars pour mener ses travaux à leur terme.
Le drone d’Igor peut voler une trentaine de minutes non-stop jusqu’à 8 kilomètres de son pilote. A ce rythme, il a pu scanner un territoire d’un kilomètre-carré en moins de trois semaines sans mettre quiconque en danger.
Déminer le monde
Igor a commencé ses recherches en 2014 ; l’invasion de la Crimée lui avait fait prendre conscience du danger. Cette année, il a repris ses travaux après avoir fuit Kyiv pour se réfugier dans un abri souterrain. il compte bien aller jusqu’à leur déploiement en série : « A présent c’est mon devoir de rapidement développer mes drones pour sauver des vies et déminer le territoire ukrainien le plus rapidement d’une façon sécurisée » a confié Igor Klymenko à CNN. Son drone pourra bientôt marquer une zone piégée à la peinture. Le jeune homme espère aussi inspirer d’autres ingénieurs en herbe car le monde ne manque hélas pas de mines anti-personnel.
Le dernier rapport de l'Observatoire des mines comptabilisait 7073 victimes, blessées ou tuées sur la seule année 2020 dans le monde. Au moins 8 sur 10 étaient des civils et 1 sur 4 était un enfant. L’ONG Human Right Watch a recensé 6 types de mines antipersonnel russes différentes en Ukraine. Celle-ci viendra s’ajouter à la longue liste des 60 pays où dorment encore quelques 110 millions de ces armes n’ayant pas encore explosé. Les retirer est urgent et plus que néfaste à tout développement durable. Ce qu’Igor Klymenko nous permet d’espérer.
Crédit photos : (c) Igor Klymenko / Chegg prize