Pollution plastique : cette Américaine invente une bouteille qui se recycle en... la mangeant

Le procédé de la capsule d’eau qui se mange n’est pas nouveau, mais l’âge de la chimiste à l’œuvre l’est ! La collégienne Madison Checketts, 12 ans, a passé de longues heures à concevoir une bouteille d’eau qui ne risquera pas de souiller les plages de Californie qu’elle aime tant.
  • Jouer au foot, fabriquer des bijoux, dessiner, passer du temps avec ses amis et sa famille... Comme n’importe quelle ado de son âge, la vie de Madison est bien remplie. Et pourtant, elle trouve quand même le temps de sauver la planète. Le déclic est survenu lors de vacances d’été, avec ses parents, sur la côte californienne. La jeune habitante de l’Utah raconte comment une ombre est venue gâcher la carte postale :

    « La plage est l'un de mes endroits préférés. En voyant celle-ci saccagée par toutes ces bouteilles d'eau en plastique, je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose. »

    Pour rappel, 73 % des déchets sur les plages à travers le monde sont en plastique (bouteilles, bouchons, emballages, filtres de cigarettes, sacs…) et 5000 milliards de morceaux de plastique flottent déjà dans nos océans.

    La cuisine moléculaire à la rescousse

    Et si on mangeait la bouteille une fois vide ? se demande alors Madison. Avec ça, aucun risque alors qu’elle ne finisse dans la nature ! Ça tombe bien, la bouteille comestible existe déjà et son exécution n’est pas si sorcier que cela. De retour dans son collège, à la rentrée 2021, Madison décide de plancher sur ce projet pour la prochaine expo-science de son établissement.

    Au début des années 2000, le principe de sphérification inverse – consistant en la gélification de la partie extérieure d’un liquide – est popularisé par les chefs de la cuisine moléculaire, l’Espagnol Ferran Adrià en tête. À l’aide de lactate de calcium, de l’alginate de sodium et de xanthate (soit trois additifs alimentaires), mais aussi de jus de citron et d’eau, Madison réussit à créer une membrane contenant de l’eau, capable de résister 3 semaines au frigo sans se briser. Échecs et intuitons ont également fait partie de la liste d’ingrédients pour parvenir à ce résultat, se souvient Madison :

    « Il a fallu de nombreux essais pour obtenir une membrane suffisamment solide pour qu’elle n’éclate dans mes mains. C’était mon principal problème : quand je l’attrapais, tout se désagrégeait. »

    200 ml d’eau pour une capsule comestible à 1,20 $

    La chimiste en herbe a baptisé son invention « Eco-Hero ». Celle-ci contient 200 ml d’eau et coûte 1,20$ à la fabrication. La membrane gélifiée, selon Madison, à la même consistance qu’un ours en guimauve avec un léger goût citronné.
     

    Après avoir fait sensation à l’expo-science de son collège, Madison a été sélectionnée au salon scientifique de l’Utah où elle a remporté le premier prix. Puis, elle est arrivée parmi les 30 finalistes d’une compétition scientifique au niveau national réunissant des collégiens de tout le pays. L’adolescente ne sait pas encore ce qu’elle fera plus tard, mais elle a déjà de l’ambition et de l’énergie à revendre :

    « La plus grande inspiration pour ce projet était d’aider la planète. »

    Un emballage écologique d’avenir ?

    Allons-nous tous finir par boire de l’eau dans des capsules comestibles ? Peut-être. Mais avant que ce jour arrive, une série de questions doit être réglée : Comment garantir la bonne conservation (poussière, pollution bactérienne, humidité…) de la membrane avant sa consommation ? Quel emballage de protection pour la vente des capsules ? Quel est le bilan carbone exact de la production de ces emballages comestibles ?

    Pour le moment, la gourde demeure la meilleure solution contre le plastique. Et même si son invention n’est, à l’heure actuelle, pas commercialisable à grande échelle, Madison a eu le mérite d’affronter l’une des principales causes de pollution de la planète. Respect !

    Crédit montage photo Une : Society for Science.

    À lire aussi