Nourriture, ticket de métro, bons d'achat... le recyclage des bouteilles plastiques peut rapporter gros

Dans plusieurs pays, on motive les habitants à rapporter ces déchets plastiques en les rétribuant, avec de l’argent, de l’alimentation ou des réductions. Malin pour impliquer les citoyens.
  • Le plastique déborde de nos décharges, recouvre les plages et encombre les océans. S’il ne fallait retenir qu’un chiffre, dites vous que chaque année nous produisons 300 millions de tonnes de déchets plastiques selon l’ONU dont moins de 10 % sont recyclés.

    Majoritairement, ces rebuts sont des bouteilles en plastiques (sodas, eau minérales…), qui représentent à elles seules 14 % des déchets plastiques repêchés dans nos cours d’eau, donc loin devant les sacs, pailles et emballages auxquels on pense en premier. C’est bien simple, on vend 1 million de bouteilles chaque minute dans le monde.

    Pourtant cette matière, issue du pétrole, peut être réutilisée ; ce qui en fait une ressource prisée par les industries. Pour cela, il faut d’abord de rassembler un maximum de ces bouteilles. Plusieurs pays ont donc organisé leur collecte avec un peu plus d’ingéniosité qu’en montrant du doigt les poubelles jaunes…

    Payés pour recycler : une affaire qui roule

    Première idée ingénieuse : transformer les poubelles en ticket de métro. Une aubaine pour les citadins qui cumulent fréquemment nombreux emballages et déplacements en transports en commun. Cette initiative a d’abord jailli à Pékin fin 2012, puis été reprise à Istanbul en 2018. Mais c’est à Rome qu’elle fut la plus visible.

    Dans plusieurs stations, des machines récupératrices ont été installées, au croisement entre des distributeurs de tickets et des bennes à verres (enfin, à plastique). L’usager glisse dans les trous ronds des bouteilles vides et bénéficie de 5 centimes de remise sur l’achat d’un titre de transport depuis son appli. Mieux : au bout de 30 flacons, le ticket est gratuit.

    L’expérience n’a duré qu’un temps mais elle fut considérée comme un succès : la mairie de Rome annonçait que 750 000 bouteilles avaient été récupérées au cours des quelques mois de test. En mai dernier, ils en étaient à plus de 6,5 millions.

    Erreur de correspondance peut-être, la possibilité de troquer ses bouteilles contre des tickets n’est pourtant pas arrivée jusqu’en France. Mais ce genre de machine a bien fait le voyage.

    Qu’importe le flacon...

    Plutôt que des stations de métro, ce sont des supermarchés bretons qui en ont installés dès 2017. Chacun des récupérateurs de la marque Reco comptabilise les bouteilles en fonction de leur contenance avant d’imprimer un bon d’achat : une 50 cl vaut 1 centime d’euro, le litre rapportant le double. C’est peu, mais la machine ne se limite pas aux boissons ; elle accepte aussi les gels douche et shampoings, bidons de lessives et flacon de liquide vaisselle, etc.

    En 6 mois, la machine de l’entreprise Reco disait avoir collecté 600 000 bouteilles devant un seul supermarché. Depuis, la marque en a ouvert dans toute la France.

    En 2020, Reco annonçait avoir ainsi recyclé 55 millions de bouteilles, soit 1800 tonnes de plastiques. Pour le client comme la planète, il n’y a pas de petit profit.

    Il faut avoir un grain pour manger du plastique (et vice versa)

    Un cran plus pragmatique qu’un coupon, aux Philippines, une municipalité a décidé d’échanger ses déchets contre... de la nourriture. En 2019, la ville de Silang faisait face à une hausse du cours du riz, douloureuse inflation pour ses habitants dont c’est un aliment central.

    Souhaitant résoudre deux problèmes d’un même coup, la municipalité a offert 1 kilo de riz à chaque habitant qui lui rapportait 1 kilo de plastique. Les résidents ont rassemblé tous les déchets qu’ils trouvaient, nettoyant les rues pour l’occasion.

    Trois jours après le lancement, la municipalité avait déjà remis la main sur 58 kilos de déchets. Nul doute qu’une telle initiative ferait un tabac chez nous quand on voit les chiffres de l’inflation et la façon dont les Français se sont rué sur les paquets de riz et pâtes au premier confinement...

    122 bouteilles par Français et par an

    La France aurait pourtant bien raison de s’activer à imiter l’une de ces initiatives, car malgré nos collectes et nos poubelles jaunes, nous somme l'un des mauvais élèves de l’Europe en matière de recyclage.

    Chaque Français boit et rejette en moyenne 122 bouteilles plastique par an, c’est pratiquement 10 de plus que nos voisins européens. Le pire, c’est que nous « revalorisons » ces déchets plus que nous les recyclons, c’est-à-dire qu’ils sont brûlés dans 44 % des cas ; 31 % du temps, ils finissent à la place en décharge.

    Jean-Yves Daclin, le directeur général de Plastics Europe le déplore: « Depuis 2015 en Europe, on recycle plus qu’on ne met en décharge. Ce n’est pas le cas du tout en France » et la seule façon d’améliorer cet état de fait est d’améliorer la collecte, puisqu’encore 1 ménage sur 2 ne trie pas systématiquement ses poubelles.

    Pour y arriver, deux options : punir (en taxant le poids de nos poubelles), ou récompenser. Alors, vous préférez quoi ?

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