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L’Ouest du pays est peut-être en passe de devenir le pays de l’or vert. Après 5 ans de recherche avec des scientifiques, Samuel Tomatis, un jeune designer a trouvé une alternative au plastique en créant une matière première 100 % conçue à partir d’algues. A la sortie, il est capable de fabriquer des meubles, des tissus, des accessoires ou de la vaisselle, solides et biodégradables.
Bientôt des T-shirt ou des sacs à main en algue
Pour fabriquer un meuble, le végétal va être moulé comme un vulgaire plastique après avoir été compressé, grâce ses propriétés gélifiantes. C’est tout simplement l’eau qui va servir de liant. Pour produire du tissu, les algues sont trempées, lavées, séchées, lissées puis peignées en fibres avant d’être filées et tissées comme du coton. Sans teinture, le designer obtient des étoffes oscillant entre le vert et le marron mais qui peuvent évoluer vers le blanc, selon les plantes récoltées. L’algue peut également être traitée puis travaillée comme du cuir autorisant ainsi la conception de produits de maroquinerie.
« Arriver à faire des objets qui soient complètement en algue mais qui ont aussi une capacité technique de capter le CO2 dans l’air, ça pourrait jouer le rôle d’un purificateur d’air dans un espace, alors que c’est un objet usuel » se prend à rêver Samuel Tomatis, dans un podcast consacré à ses découvertes.
Une espèce végétale envahissante et toxique qui devient une ressource
Le déclic pour le jeune désigner a été le problème récurrent en Bretagne de l’eutrophisation. Pour les néophytes, l'eutrophisation, c’est le phénomène qui désigne l’apport excessifs d'éléments nutritifs dans l’océan par ruissellement des nitrates et des phosphates présents dans les engrais agricoles. Cette surabondance entraîne une prolifération soudaine d’algues vertes. Lorsqu’elles échouent sur la plage, elle se décomposent en émettant des gaz potentiellement toxiques. Samuel Tomatis s’est alors mis en tête de recycler ce biodéchet pouvant être dangereux en matériau de construction. Bien lui en a pris ! Avec ses objets en algue, il a décroché des bourses et plusieurs prix tel que le Grand Prix de la Création de la Ville de Paris.
De l’artisanat à la production industrielle
Les algues constituent une ressource très simple à récolter. Pas besoin de forage, il n’y a qu’à se baisser, pourrait-on dire. Pas besoin non plus de mettre en place une culture spécifique, eu égard à leur prolifération. Il reste encore à organiser la collecte et une filière de production locale. Mais avec plusieurs projets aboutis et usinables comme la chaise Alga qui trône désormais au Centre Pompidou au milieu des œuvres de la collection permanente, le designer prouve que l’utilisation des algues à l’échelle industrielle entre dans le domaine du possible. Un premier pas vers la banalisation de cette matière première peu banale qui nous débarrassera peut-être définitivement du plastique dans quelques décennies. D’ailleurs en Bretagne, les industriels s’intéressent déjà aux algues, depuis quelques années, pour l’agriculture, l’alimentation, la cosmétologie et la fabrication d’autres matériaux innovants.