Des « Erasmus à la campagne » pour redynamiser les territoires

Pour donner un souffle nouveau aux communes victimes de la désertification rurale, l’association InSite propose aux jeunes de 18 à 30 ans de venir s’installer 6 mois dans un village et s’investir dans des initiatives positives locales. On se refait L’Auberge espagnole dans l’Aveyron ?
  • 10% de communes comptant moins de 150 habitants vivent sous la menace permanente de la disparition. La campagne connait un regain d'intérêt depuis les confinements successifs liés à la crise sanitaire, mais cela ne suffit pas à enrayer la désertification des territoires ruraux.

    Faire le lien "jeunes-campagnes"

    Thibault Renaudin, qui a travaillé pendant 20 ans au sein d’associations pour la jeunesse dans les quartiers populaires, a toujours été attaché à son village d’origine : Termes-d’Armagnac (Gers), 190 habitants. Au point d’en devenir le maire en 2020. Lassé de voir les petites communes dépérir, dont sienne, il imagine alors un programme d’immersion réservé aux 18-30 ans effectuant leur service civique pour participer à des projets locaux. Il confesse dans Merci pour l’Info s’appuyer sur la renommée du célèbre programme d’échange universitaire européen pour pitcher son idée :

    « Ce n’est pas vraiment un Erasmus, mais ces deux mots – Erasmus rural – résument l’idée d’aventure et de rencontre avec l’autre. »

    Entre des territoires ruraux qui manquent souvent de moyens humains pour donner vie aux initiatives locales, et une jeunesse avide d’engagements et de nouvelles expériences, il fallait faire le lien.

    Des missions d'intérêt local

    En juillet 2018, Thibault Renaudin fonde InSite, association qui se charge de mettre en place ces « Erasmus à la campagne ». Le tout premier a lieu l’année suivante, avec l’immersion de Boran, étudiant chinois dans une école de management à Lyon, à Perchède (Gers) au service d’une association qui organise des évènements pour vitaliser la commune.

    Pour chaque jeune envoyé, l’association InSite effectue en amont une étude de six mois avec la collectivité locale pour bien définir les enjeux et la mission allouée au participant, explique Thibault Renaudin :

    « Nous nous adaptons à chaque fois au territoire. Mais des thématiques reviennent souvent, telles que la question environnementale ou le lien social. Notre objectif n’est pas de redynamiser les villages, mais d’accompagner les dynamiques. »

    Les projets qui attendent les jeunes sont variés : création de jardins partagés ou d’un sentier gourmand, organisation d’expo photo, mise en place d’ateliers numériques pour enfants et seniors, etc.

    La campagne, ça vous gagne !

    Certes, ce n’est pas Barcelone ou Dublin, mais les émotions sont au rendez-vous, raconte Mathéo, 20 ans, immergé pendant 6 mois à Cadours (Haute-Garonne), participant à des actions auprès des enfants et des personnes âgées du village :

    « C’est l’occasion de rencontrer des nouvelles personnes, de nouveaux territoires et un nouveau cadre de vie. J’ai choisi ce petit village notamment pour le calme, la richesse du patrimoine et la nature. Pendant les six mois j’ai eu l’occasion de vivre au cœur du village. »

    Plus de 70 communes ont, à ce jour, profité de ces Ersmus à la campagne. Cette année, InSite vient d’étendre son programme à deux nouvelles régions, la Nouvelle-Aquitaine et le Grand-Est, intervenant désormais sur 7 des 13 régions métropolitaines. On espère maintenant un nouveau L’Auberge espagnole, version Bournazel dans l’Aveyron, pour populariser l’Erasmus rural auprès du grand public.

    Plutôt Cantal que Catalogne ? Pour participer, rendez-vous sur le site de l’association InSite.

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