Des WC qui ne consomment que l’équivalent d’une petite bouteille d’eau

« 33 petits centilitres suffisent pour laisser le lieu aussi propre que vous l’avez trouvé » pourrait être le slogan d’Antar Cherrara, le créateur d’ingénieuses toilettes écologiques. Titulaire d’un BTS dans le secteur énergétique et d’une licence professionnelle, c’est dans le cadre de son master en management de l’innovation à Metz, que l’idée lui vient : « L’eau consommée dans les toilettes représente 20% de notre facture. Dans ce secteur où j’ai constaté qu’il y avait peu d’innovation, j’ai cherché comment faire baisser la consommation d’eau. J’ai alors imaginé des toilettes pressurisées qui utiliseraient l’eau usée, issue des lave-mains, c’est-à-dire 0% d’eau potable » détaille le jeune entrepreneur, originaire de Poissy dans les Yvelines. Le calcul est vite fait : c’est - 20% sur la facture à la fin ! Sympa, non ?

Une chasse d'air et 33 cl d’eau sous haute pression

Antar expose alors son idée à des étudiants scientifiques et des ingénieurs expérimentés. Tous sont séduits par le concept. Conforté, il participe et remporte plusieurs concours dans le Grand Est. De quoi rassembler les fonds suffisants pour créer un premier prototype qui s’est avéré viable après une étude de faisabilité. Le fonctionnement de ces toilettes innovantes est étonnant de simplicité « On ferme l’abattant et on appuie sur la chasse. Un compresseur pousse de l’air sous pression dans la cuvette fermée hermétiquement. Une pompe à eau prend le relai en envoyant 33 cl d’eau sous haute pression pour nettoyer les parois. Puis, une trappe sous les toilettes s’ouvre pour évacuer d’un coup les matières organiques, le papier et l’eau ». Nickel ! A noter que les 33 cl viennent d’un réservoir qui récupère en amont les eaux usées du lave-mains.
 

Les judicieuses propriétés de l’inox

En cas de bourrage papier ou de trop plein, Antar a tout prévu. Un second bouton poussoir permet de libérer 1 litre d’eau, toujours usée -un peu comme une espèce de batterie de secours- pour aspirer ce qui bloque…Vous voyez ce que je veux dire ?
Comme dans les avions, les WC d’Antar sont en inox. Un matériau, certes, plus cher que la classique porcelaine mais qui a le bon goût de capter les mauvaises odeurs et de se nettoyer très facilement. Ça n’accroche pas, quoi ! Prochaine étape : l’industrialisation pour une commercialisation espérée en 2023 au prix estimé de 500€, installation comprise. Dans un premier temps, les clients cibles de G-Waves, c’est le nom officiel de ce projet de toilettes innovantes, seront les gestionnaires de sites très fréquentés tels que les gares, les écoles, les restaurants, les hôtels, et les stades avant de s’attaquer au marché grand public avec une mise en vente dans les magasins de bricolage.

Une invention brevetée à l’international

Le jeune entrepreneur a déjà fait breveter son invention au niveau européen et international au Qatar ou aux Emirats Arabes Unis, entre autres. « Il y a des endroits désertiques où l’eau est précieuse et où ce genre d'installation est intéressant ». Justement Antar nous a confié que l’Arabie Saoudite s’intéresserait de près à ses toilettes pour Neom, son projet pharaonique de ville futuriste en plein coeur du désert.