champignon anti-dépresseur

Et si les champignons hallucinogènes étaient la solution contre la dépression ?

Dans de nombreux pays, le psilo ou "magic mushroom" est une drogue. Mais pour ces médecins américains, il serait 4 fois plus efficace qu’un antidépresseur. Ses résultats en la matière sont hallucinants.
  • Winter is coming.

    Vous vous sentez fatigué, miné par des pensées sombres, avec le sentiment d’être inutile ? Rassurez-vous, c’est probablement uniquement une petite dépression hivernale (ou "trouble affectif saisonnier") provoquée par le manque d’exposition au soleil. Mais pour certains, la dépression est une maladie grave et durable. C’est pour alléger, voire sauver la vie de ceux-ci, que médecins et laboratoires recherchent depuis des années un traitement pérenne à cette affliction mentale. Et récemment, les regards se sont tournés vers des substances psychoactives jusqu’alors condamnées pour leur usage récréatif dont la psilocybine, que l’on trouve dans les fameux champignons hallucinogènes. C’est en tous cas ce que défend une étude de l'Université Johns-Hopkins, à Baltimore.

    Conduits par le Dr Roland Griffiths, 24 volontaires ont participé là une expérimentation combinant une psychothérapie et la prise de deux doses de psilocybine. Pour deux tiers d’entre eux (17 sur 24), les symptômes de la dépression ont réduit dès la première semaine, selon le rapport publié l'an dernier ; ils ont même entièrement disparu en un mois pour 13 des patients. Des résultats 4 fois plus efficaces et plus rapides que les antidépresseurs classiques.

    Mangez-moi, mangez-moi, mangez moi

    Surveillés par l’équipe médicale, les volontaires ont pu digérer leur champignon hallucinogène en profitant du plus grand confort : fauteuil, musique, bandeau pour les yeux… Aaron, l’un des participants trentenaires, raconte s’être senti entrer dans un état second, comme dans un « rêve éveillé » dont les visions lui ont procuré des émotions et sentiments qu’il n’avait pas ressenti depuis trop longtemps.

    Ça plane pour moi.

    D’où provient ce bien-être ? Tout simplement du fait qu’en agissant à la surface des cellules cérébrales, les « champis » si appréciés des teufeurs modifient la perception humaine en profondeur. Changer de point de vue, n’est-ce pas la clé quand on est déprimé ?

    Une expérience qui vient en compléter d’autres. On soupçonnait cette substance d’agir positivement sur 80 % des personnes atteintes de troubles bipolaires ou dépressives depuis les années 70, comme l’a rappelé le King’s College de Londres en 2016. Encore cet été, l’Université de Yale a démontré que ces champignons avaient pour effet d’augmenter immédiatement les connexions entre les neurones alors que, justement, les dépressifs souffrent d’atrophie synaptique...

    Bref, comme le résument les chercheurs américains, le psilo serait la découverte la plus importante pour le monde de la santé mentale depuis le Prozac.

    psilo médecins

    Seule ombre au tableau, la crainte de voir l'usage détourné de ce champignon se développer en cas de récupération pharmaceutique. C'est déjà ce qui s'était passé avec le LSD, découvert en 1943 et classé comme une drogue dangereuse par la suite car son usage récréatif avait conduit à une vague de suicides, sous les effets des hallucinations. Mais si l'on juge un médicament à ses détournements, alors ni la morphine ni les anesthésie n'existeraient plus.

    De nombreuses expériences incluant des psilos ont été menées sur des souris et des tests cliniques sont en cours un peu partout dans le monde. S'ils sont concluants, des traitements pourraient apparaître au plus tôt en 2024. D'autres utilisations sont déjà envisagées, notamment pour sevrer l'alcoolisme ou la dépendance à la nicotine ; ce qu'on appelle le micro-dosage et c'est aujourd'hui plus souvent pratiqué "en amateur" qu'en clinique. Alors, lors de votre prochaine sortie en forêt, ouvrez le (3e) oeil.

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