Ils naviguent sur le 1er bateau en plastique recyclé

A l’occasion de la Journée européenne de la mer nous avons souhaité mettre en lumière le périple du « Flipflopi », le seul bateau en plastique recyclé au monde. Financé entre autres par l’Agence française de développement (AFD) et l’ONU, il a levé sa grand-voile en mars dernier pour militer contre le gaspillage et pour le recyclage des déchets. Cap sur le lac Victoria en Afrique où la pollution menace la biodiversité.
  • Le WWF estime que plus de 310 millions de tonnes de déchets plastiques ont été générées dans le monde en 2016, dont un tiers se sont retrouvées dans la nature. Si rien n'est fait, cette production mondiale de déchets plastiques pourrait augmenter de 41 % d'ici 2030 et la quantité accumulée dans l'océan pourrait doubler et atteindre 300 millions de tonnes. Autre constat : d’ici à 2050, les associations de protection de l’environnement estiment que le poids du plastique dans l'océan sera supérieur à celui des poissons. Une pollution qui menace de nombreuses espèces marines, étouffées ou blessées par ces déchets.

    Des milliers de tongs recyclées

    Face à ce constat dramatique et en voyant la quantité de tongs échouées sur une plage de l’Océan indien, Ben Morison, directeur d’une agence de voyage au Kenya, a lancé en 2015 «Flipflopi project». L’idée ?  Construire le premier bateau entièrement fait en plastique recyclé. Il est baptisé « Flipflopi », en référence aux tongs recyclées (flipflop en anglais). Avec l’aide de Dipesh Pabari, un environnementaliste et Ali Skanda, un artisan, ils conçoivent un Dhow, bateau traditionnel de l’océan indien.

    « Nous n'avons utilisé que des ressources disponibles localement et des solutions low-tech, permettant à nos techniques et idées d'être copiées sans aucune barrière, Ben Morison. »

    Après 2 ans de construction et l’utilisation de 30 000 tongs pour la coque, le navire est fin prêt à naviguer. « Le bateau a été construit pour montrer au monde qu'il est possible de fabriquer des matériaux de valeur à partir de déchets plastiques, et que le plastique à usage unique n'a vraiment aucun sens », explique Ali Skanda. L'initiative est soutenue par divers partenaires, dont les gouvernements nationaux du Kenya, de l'Ouganda et de la Tanzanie, le programme pour l’environnement de l’ONU (PNUE), le ministère britannique des affaires étrangères et du développement, l'Agence française de développement (AFD), l'Union européenne et UN Live. Désormais le « Flipflopi » navigue dans divers pays d’Afrique pour sensibiliser les populations locales au recyclage des déchets plastiques.

    Cette année, la campagne Océans Propres du projet a été lancée en mars sur le lac Victoria, le plus grand écosystème d'eau douce d'Afrique mais également le plus pollué. Cette opération avait pour but d'envoyer un message urgent à la communauté d'Afrique de l'Est sur la nécessité de mettre fin au fléau des plastiques à usage unique.
    L'état actuel du lac, qui fait vivre 40 millions d'Africains, symbolise les effets catastrophiques des activités humaines et du changement climatique. Les stocks de poissons diminuent à cause de la surpêche et de la perche du Nil, une espèce de poisson invasive introduite dans les années 1950 qui décime les autres poissons. La prolifération de la jacinthe d’eau, une algue qui forme une épaisse couche en surface et étouffe le lac, empêche les embarcations de naviguer. Sans oublier la présence massive de micro-plastique dans l’eau.

    A la barre du « Flipflopi » : Ali Skanda, commandant du navire et Eric Loizeau, navigateur français et vainqueur de nombreuses transats ainsi que… trois autres « frenchies ».
    Louise, Loïc et Elian ont navigué quelques jours sur le lac. Ces trois jeunes Toulousains, fondateurs d’une agence audiovisuelle, ont rejoint l’expédition pour la médiatiser. Ainsi, nous avons pu suivre leurs aventures sur les réseaux sociaux avec pour objectifs : rendre compte du projet en occident et sensibiliser le grand public sur les sujets environnementaux. Vous pouvez retrouver leur périple ici.

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