2021 M01 7
On estime qu’il y a environ 500 millions de livraisons de colis chaque année en France. Un chiffre en constante augmentation au fur et à mesure que le e-commerce s’installe dans nos habitudes. En 2020, le confinement a d’ailleurs boosté encore davantage les ventes en ligne. En parallèle, une autre tendance est à la hausse : la consommation locale et en circuit-court. Avec, là aussi, son lot de livraisons à effectuer.
Qu’il s’agisse de livrer des restaurants, des points de ventes intermédiaires (comme les ruches et les magasins de vrac) ou de livrer les particuliers directement chez eux, la vente en circuit-court induit énormément de trajets.
C’est d’ailleurs l’un des principaux freins mis en avant par les agriculteurs qui souhaitent se tourner vers ce mode de commercialisation : comme la majorité des urbains n’a pas le temps de se déplacer à la ferme, c’est aux agriculteurs de les livrer. Une démarche qui prend du temps, qui émet beaucoup de CO2 et qui, in fine, pousse les producteurs à augmenter leurs prix pour rentabiliser le coût des transports.
L’étape de la livraison est donc un caillou dans la chaussure de celles et ceux qui veulent développer les circuits courts à grande échelle. Mais depuis peu, des alternatives se forment autour d’un concept qui pourrait tout changer : la colivraison.
« Après une enquête auprès de centaines de producteurs et des rencontres avec des chercheurs en transport agricole nous avons eu l’idée de la colivraison (...) pour permettre aux producteurs de réduire le temps et l’argent passé dans le transport »
Laura et Marie Gachiero, co-fondatrices de La Charrette
Les "BlaBlaCar" de l'alimentation arrivent sur le marché
Depuis 15 ans, les particuliers peuvent compter sur BlaBlaCar pour faciliter l’organisation de leurs déplacements personnels. Désormais, les professionnels de l’alimentation peuvent aussi s’appuyer sur leurs startups de colivraison pour développer la vente en circuit court.
Ces entreprises s’appellent Promus, Coclicaux ou La Charrette. Chacune permet aux producteurs de mutualiser leurs livraisons pour gagner du temps et de l’argent. Certaines plateformes parient sur la mutualisation des livraisons entre producteurs. Un agriculteur effectuant la tournée de livraison de ses collègues une semaine, et les autres prenant le relais les semaines suivantes.
D’autres, c’est le cas de Promus, misent sur des points de contact physique placés à mi-chemin. Un peu comme de grands frigos où plusieurs agriculteurs viennent déposer leurs paniers, qui sont ensuite livrés par des professionnels sur le fameux “dernier kilomètre”. Grâce à ce système, la startup estime avoir permis d’éviter l’émission de 3 tonnes de CO2 en 2018, soit environ 13 500 km en voiture.
Du vin au meubles, la colivraison s’adresse à tous les secteurs
Du reste, la pratique de la colivraison se développe de plus en plus dans d'autres secteurs, à la fois pour des questions de praticité, de mode de vie et pour répondre à des convictions écologiques. C’est par exemple le cas de la startup Cocolis, qui permet à des particuliers de faire voyager des colis ou des meubles de grande taille pour le compte de tiers. C’est aussi ce que propose Shopopop, le site qui propose à des tiers de vous livrer vos courses.
Au total, une dizaine de ces plateformes sont apparues en France ces dernières années. Chacune avec son secteur géographique ou sa spécificité. Les amateurs de vins peuvent ainsi, par exemple, utiliser Oenocar pour se faire livrer des caisses de vin par d’autres amateurs qui reviennent de tel ou tel vignoble.
Et de fait, la mutualisation des courses et des trajets est à la fois un vecteur de création de lien social tout comme une manière de réduire nos émissions de CO2. Une tendance qui devrait se confirmer dans les années à venir.