La grenouille zombie, l'arbre Dicaprio, l'araignée Némo... ces nouvelles espèces découvertes en 2021

On parle souvent des (trop) nombreuses espèces animales et végétales en voie de disparition… Et si, cette fois, on parlait de ces plantes et de ces animaux restés incognito pendant des décennies ?
Clotilde Boudet

2022 M03 3

    • Changement climatique, surpêche, braconnage, destructions des habitats naturels… les actions humaines ne cessent de rallonger la liste des espèces en voie de disparition. La bonne nouvelle, c’est que celle des espèces animales et végétales découvertes en 2021 est aussi plutôt longue ! 

    Il y a, à ce jour, plus de huit millions d'espèces animales et végétales répertoriées sur Terre. L’année dernière, les équipes du Museum d’Histoire Naturelle de Londres ont découvert à elles seules plus de 500 nouvelles espèces d’insectes, de plantes, d’algues… Et même de dinosaures !

    D’un côté, on se réjouit des ressources insoupçonnées de notre planète. De l’autre, le dicton est formel : « Pour vivre heureux, vivons cachés ». On espère que la mise en lumière de ces plantes et de ces animaux restés si longtemps incognito servent à leur sauvegarde…. Car malheureusement beaucoup de ces espèces sont, à peine découvertes, déjà menacées. Retour sur quelques nouveaux spécimens de cette liste fascinante qui nous emmène autour du monde.

    © Senckenberg / Hölting
     

    La grenouille zombie, avec son drôle de profil, a été découverte par des chercheurs allemands du musée Senckenberg, à Francfort. Elle a été baptisée ainsi en référence à son mode de vie. La grenouille zombie passe en effet le plus clair de son temps enfouie dans le sol de la forêt Amazonienne. Elle serait présente en Guyane française et au nord du Brésil. Elle est une nouvelle espèce du genre « Synapturanus ». 
     

    Derrière le compte Instagram @himalayan_xplorer, il y a un jeune indien : Virendar Bhardwaj. Pour passer le temps pendant le confinement de l'été 2020, l'étudiant en Master décide d'aller explorer les alentours et faire des photos. Il vit à Chamba, au nord de l'Inde, à quelques heures seulement des montagnes de l'Himalaya...

    Quand Zeeshan A. Mirza, du Centre National des Sciences Biologiques de Bangalore, tombe sur le cliché ci-dessus, c'est la surprise : cette espèce de serpent kukri n'a jamais été décrite scientifiquement ! Elle fait désormais l'objet d'une étude publiée en novembre 2021 dans la revue Revolutionary Systemics. Son nom scientifique : « l'Oligodon churahensis », en référence à la vallée de Churah où elle a été découverte.

    © Maarten Christenhusz
     

    Sept nouvelles espèces de tabac ont été découvertes en 2021 par le scientifique Mark Chase et ses collaborateurs de l’Université Curtin (en Australie) et de l’Université de Vienne (en Autriche). La photo ci-dessus montre la « Nicotiana insecticida », originaire d'Australie. C'est la première espèce de tabac « tueuse ». En effet, cette plante est couverte de poils collants qui emprisonnent et tuent les pucerons et autres moucherons. Ce mécanisme n'a pas un but nourricier, au contraire… Il permettrait à la plante de se faire grignoter.
     

    © Douglas B Booher, Philipp O Hoenle /Zookeys.1036.62034
     

    Cette nouvelle fourmi a été découverte dans la région de Chocó, en Equateur. Son nom « Strumigenys ayersthey », est un hommage aux combats de l'artiste américain Jeremy Ayers. Cet écrivain, musicien, photographe était très engagé pour les droits des minorités, notamment des personnes non-binaires. 

    Les scientifiques ont donc opté pour un nom se terminant par le pronom neutre « they », plutôt que par un des suffixes latins traditionnels. C'est la première du genre, car d'ordinaire, les noms scientifiques des espèces animales ou végétales se terminent par « -ae » (lorsqu'ils sont féminins) ou « -i » (quand ils sont masculins). 

    Le crapaud citrouille ou « Brachycephalus rotenbergae » fait la taille de l'ongle de votre pouce. Il vit dans la forêt atlantique brésilienne. Sa couleur vibrante est un avertissement aux autres animaux : « Attention, ne me mangez pas, je suis très toxique ! ». Décrite en avril 2021 dans la revue Plos One, cette nouvelle espèce d'amphibien a également la particularité d'être sourde… Et fluorescente. Sous la lumière ultraviolette, certains de ses os se mettent à briller.

    Pour info : tous les animaux ont des os fluorescents du fait du collagène qui les constitue. Mais tous ne brillent pas sous la lumière ultraviolette. La composition précise du squelette et l'épaisseur de la peau pourraient expliquer pourquoi certaines espèces « s’illuminent », et d'autres non.
     

    Johan Hermans et Phill Cribb, botanistes du Kew de Londres, ont identifié (en collaboration avec des chercheurs du Kew de Madagascar), 16 nouvelles espèces d'orchidées. Trois sont déjà considérées comme éteintes, mais pas l'étonnante orchidée fantôme ou « didymoplexis stella-silvae ». Ce nom latin, donné par Johan Hermans, fait référence à son mode de vie fascinant. « L’étoile de la forêt » (traduction de « stella-silvae ») pousse dans une obscurité quasi totale. Ses jolies fleurs blanches en forme d'étoiles s'ouvrent dès que la pluie cesse, mais pour seulement 24 heures. 
     

    ©  Bat Conservation International
     

    C'est étonnant que la chauve-souris de Nimba (ou « myotis nimbaensis ») soit restée inconnue si longtemps. Avec sa couleur éclatante, elle ne passe pas inaperçue… D'ailleurs, c'est la première fois que des chercheurs observent une chauve-souris presque entièrement orange. Seules ses ailes tirent vers le noir.

    Son nom vient de son habitat naturel : les grottes et tunnels miniers de la chaîne montagneuse de Nimba, en Guinée. Découverte en 2018, la description de cette chauve-souris orange (qui valide sa répertorisation) est parue en janvier 2021 dans la revue American Museum Novitates. 
     

    © Paul E. Marek, Bruno A. Buzatto, William A. Shear, Jackson C. Means, Dennis G. Black,
    Mark S. Harvey, Juanita Rodriguez / Scientific Reports

     

    Saviez-vous que les mille-pattes n'ont, en réalité, pas tant de pattes que ça ? Jusqu'ici, le recordman en possédait 750. Mais ça y est, les chercheurs ont découvert un « vrai » mille-pattes. Et c'est totalement par hasard, lors d'un forage en Australie, que la bestiole s'est révélée au monde. Son nom : « Eumilipes persephone ». 

    « Eumilipes » vient du grec « eu » (« vrai ») et des mots latins « mille » et « pes » (littérament « mille pieds »). Quant à « Perséphone »… C'est la déesse grecque du monde souterrain (les Enfers). Vivant l’été à la surface et l’hiver sous terre, auprès de son mari Hadès, elle symbolise le retour de la végétation au printemps. 

    Mais alors, combien cette nouvelle espèce a-t-elle de pattes ? 1306 exactement pour le plus grand spécimen observé (10 centimètres). Ça fait un sacré nombre de paires de pattes ! Mais comme on ne peut pas tout avoir, le « Eumilipes persephone » n'a pas d'yeux… Précision importante : tous les mâles observés sont plus petits que les femelles et ne dépassent pas les 998 pattes. Le nouveau mille-patte recordman est donc une recordwoman !
     

    © Lorna Mackinnon / RBG Kew © NASA 
     

    Vous avez un arbre baptisé en votre honneur vous ? Leonardo DiCaprio, lui, oui ! « L’Uvariopsis dicaprio » est un arbre de la famille des Annonaceae. Il a été découvert dans la forêt tropicale d'Ebo, au Cameroun. Les chercheurs des jardins botaniques royaux de Kew ont annoncé, en janvier 2021, vouloir donner à cette nouvelle espèce le nom de famille de l'acteur, connu pour ses combats écologiques.

    Leonardo DiCaprio s'était engagé en 2020, aux côtés de l'organisation de conservation Re:wild, pour empêcher l'exploitation de plus de 68 000 hectares de la forêt d'Ebo. Face à la pression internationale, le gouvernement avait finalement renoncé à s'en prendre à cette forêt vierge. L'arbre DiCaprio quant à lui a tout d'une star : il fait 4 mètres de haut et possède un tronc orné d'étonnantes fleurs jaune/vert. 
     

    © Steve Richards
     

    Avant, il y avait les chocogrenouilles dans Harry Potter… Maintenant, il y a la grenouille chocolat de Nouvelle-Guinée, découverte par des scientifiques du Queensland Museum. Si les grenouilles arboricoles arborent une vive couleur verte, la « Litoria mira » (son nom scientifique), elle, est joliment brune. C'est d'ailleurs lors d'une étude menée sur l’habitat de la grenouille verte australienne commune que les chercheurs ont découvert cette nouvelle espèce. 

    Décrite en mai 2021 dans l'Australian Journal of Zoology, cette petite rainette vit dans des zones de forêts marécageuses infestées de crocodiles. C'est cet habitat hostile qui aurait retardé sa découverte, selon le Dr Richards, co-auteur de l'étude. Car en réalité, la grenouille chocolat n'est ni rare ni menacée. Elle se la coule douce dans les marécages chauds de Nouvelle-Guinée.
     

    Qui a dit que les araignées ne pouvaient pas être adorables ? L'araignée Némo, découverte au sud de l'Australie, nous prouve le contraire. Arachnophobes, détendez-vous, cette araignée paon (un type d'araignée sauteuse) mesure seulement 4 mm (c'est la taille d'un grain de riz). En plus d'être franchement mignonne (si, avouez le), elle est inoffensive.

    Si c'est la scientifique Sheryl Holliday qui a découvert cette espèce, elle n'a pas su l'identifier et à donc poster une photo sur un site spécialisé. Le cliché a attiré l'œil du biologiste Jospeh Schubert, qui a proposé d'étudier l'animal. C'est lui qui l'a baptisée « Maratus Nemo », en référence au dessin animé Pixar. Cette nouvelle araignée « a un visage orange vraiment vibrant avec des rayures blanches dessus, qui ressemble à un poisson clown, alors j'ai pensé que Nemo serait un nom vraiment approprié », a expliqué le biologiste des Museums Victoria de Melbourne. 

    On a hâte de découvrir la trogne des nouvelles espèces animales et végétales qui seront découverte en 2022. Et comme les scientifiques estiment qu'entre 83 % et 87 % des espèces terrestres restent à découvrir… On risque fort d'avoir des surprises.
     

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