“La Ville à Joie” redonne vie aux villages français

Les fêtes de village, celles qui créent du lien social, vont peut-être revenir à la mode grâce à La Ville à Joie. Pour lutter contre la désertification des campagnes, cette jeune entreprise organise des tournées itinérantes dans des communes rurales. Au programme : des services, des commerces de proximité et aussi des animations.
  • Redynamiser les petits villages, c’est le credo de La Ville à Joie. Comment ? En venant à la rencontre des villageois -les vrais- avec de quoi faire satisfaire tout le monde.  « C’est un peu comme une fête foraine sauf qu’au lieu d’avoir des attractions on a des services de santé, des services de tous les jours, des commerces. Le tout avec de l’animation et une convivialité qui sont toujours de la partie » détaille Marius Drigny, son jeune fondateur. A raison de 2 à 3 événements par semaine sur une zone géographique prédéterminée, ce sont aussi bien des fromagers, des coiffeurs que des agents du service public ou des coachs sportifs qui se déplacent. Ils sont accueillis à bras ouverts dans ces communes rurales qui ont perdu, pour la plupart, tous leurs commerces et leurs services.

    « J’ai eu l’idée de ramener les services à proximité des habitants plutôt que de les envoyer plus loin et de garder une ambiance festive. »

    Tout a démarré de l’histoire personnelle de Marius. Il a vu le village de ses grands-parents en Côte d’Or se vider de ses activités en 20 ans. « Quand vous enlevez tous ces lieux, le lien social du village disparait. J’ai eu l’idée de ramener les services à proximité des habitants plutôt que de les envoyer plus loin et de garder une ambiance festive ». La Ville à Joie -en mode association de groupe de potes- a débuté son activité à l’été 2020 en lançant une cagnotte. Objectif : organiser 15 dates dans le Châtillonnais, la région du village familial de Marius. « On avait un camion et des tentes. On organisait des petits événements comme des concerts et on a invité plein d’acteurs de la vie locale à tenir un stand qu’on avait monté ». Le succès a été immédiat. Une soixantaine de dates plus tard en Côte d’Or, dans la Nièvre, l’Oise et la Gironde, la professionnalisation s'est imposée.

    Des services variés et des animations qui fédèrent

    En 2022, cette nouvelle entreprise de l’économie sociale et solidaire compte organiser des tournées qui représentent 300 événements sur l’année avec 3 équipes d’une quinzaine de jeunes pour redynamiser les communes rurales à travers toute la France. « Une moitié travaille sur l’animation et l’autre, sur l’organisation des tournées. Le processus a été générisé pour être plus fiable. Les animations sont autant que possible confier à des locaux. On laisse, par exemple, le comité des fêtes local organiser un bal, s’il le souhaite. Si on anime nous-même, ça peut être des bingos ou des tournois de pétanque. Des activités traditionnelles qui fédèrent et qui font qu’on passe un moment tous ensemble ». Côté services et commerces, les intervenants ont juste à venir et exercer leur métier. Ils n’ont rien à payer pour s’installer. Qui dit mieux ? « L’itinérance est un modèle qui attire pas mal les commerçants car ça permet d’augmenter sa zone de chalandise en touchant une dizaine de villages contre un seul avec un commerce fixe. En revanche, c’est beaucoup de travail de recherche, de communication et d’organisation très chronophage qui freine les envies. Nous, on leur apporte tout ça » précise Marius Drigny.

    Des habitants au rendez-vous sur les places des villages

    Les clients de la Ville à Joie sont essentiellement des communautés d’agglomérations et des groupements de communes qui ont assurément à cœur de contenter leurs administrés.  « Quand on demande aux gens pourquoi ils sont venus, 90% répondent que c’est pour l’animation et 10% pour les services. A la fin de l’événement, on se rend compte que 40% des gens ont interagi avec un service. Ça montre que notre rôle consiste à faire découvrir des services que les villageois vont pouvoir utiliser ». Avec un tel engouement, difficile pour les services techniques et les élus de ne pas voter un budget pour l’organisation de tournées de plus en plus importantes et récurrentes. Quant au financement de la structure et des fonctions transverses de la Ville à joie, il est assuré par un partenariat avec une grosse mutuelle à qui un stand est mis à disposition pour être au plus près de ses clients ou de ses prospects. Tout le monde est gagnant.

    Moins de 2 ans après sa création, cette entreprise si bien nommée est déjà viable. De quoi rebooster des villages moribonds et apporter du bonheur à leurs habitants pour, on l’espère, encore de nombreuses années.

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