Cannabis médical

Le cannabis, meilleur traitement contre l'épilepsie chez les enfants ?

Alors que la France semble avoir déclaré la guerre aux boutiques de CBD, le monde scientifique s’intéresse quant à lui au cannabis pour mettre fin à la souffrance des patients et réduire les crises des plus jeunes malades.
  • Que le cannabis ait des propriétés médicinales n’est pas en soit une découverte. La preuve en est, désormais de nombreux pays ont légalisé son usage à des fins thérapeutiques, le plus souvent pour soulager la douleur de maladies chroniques. Pourtant, en France, il est mal aimé des autorités.

    Dernier exemple en date, début janvier, le gouvernement décrétait l’interdiction de vendre et de consommer les fleurs et feuilles de CBD, mettant ainsi en difficulté 1800 boutiques françaises soudain assimilées à des dealers.

    Pourtant, des expérimentations récentes ont découvert d’autres molécules dans le cannabis que le CBD, dont les vertus psychoactives pourraient être mises à profit.

    Lire les bonnes feuilles

    C’est d’abord en Australie que ce constat a été fait, en testant d’autres composés cannabinoïdes (dont l'acide cannabigérolique, dit CBGA) sur des souris pour prouver son effet anti-convulsivant, puis auprès d’enfants épileptiques.

    Selon les pharmacologues de l'Université de Sydney, les fonctions cognitives (bridées par la maladie) se sont améliorées avec le traitement et la fréquence des crises a considérablement réduit, même si à forte dose le composé pouvait accentuer celles-ci.

    Australie cannabis medical

    Pour affiner ces études, des chercheurs du Royaume-Uni ont conduit une expérience similaire en combinant divers cannabinoïdes. Des enfants en traitement pour une forme grave d’épilepsie ont reçu un médicament contenant une large variété de composés tirés d’un plant de cannabis : cannabidiol, terpènes, flavonoïds... Un test concluant car, en moyenne, la fréquence de leurs crises a drastiquement chuté de 86 %.

    Un cocktail 30 fois plus efficace que l’aspirine

    L’expérience de l’Imperial College of London est loin de faire l’unanimité car elle n’a pas été opposée au test avec placebo, et n’a porté que sur une dizaine d’enfants. Mais cela reste un espoir pour les parents d’enfants touchés par les syndromes de Dravet et de Lennox-Gastaut, deux épilepsies infantiles sévères et résistantes aux traitements à base de CBD. 

    L’étude britannique confirme que le cannabis a encore beaucoup à apporter à la médecine ; les scientifiques présument par exemple que les flavonoïdes pourraient avoir des propriétés anti-cancérigènes. Surtout, ces molécules pouvaient se renforcer l’une l’autre et réduire douleurs et inflammations 30 fois mieux que l’aspirine.

    infusion CBD

    Comme le résume le Dr Nicolas Authier de l’INSERM, « le cannabis possède des vertus anxiolytiques, antalgiques, hypnotiques, myorelaxantes... ». Ce psychiatre siégeant au comité scientifique de l’ANSM (l’agence du médicament) a toutefois aussi rappelé que cette substance est surtout connue pour ses effets indésirables « digestifs, cardiovasculaires ou neuropsychiatriques – le plus souvent réversibles ». Méfiance donc. Mais il serait stupide de ne pas s'y intéresser.

    Dure de la feuille, la France pourrait légaliser en 2023

    En fait, selon le Dr Authier, si les particuliers se tournent vers le cannabis, c'est parce que les laboratoires n'ont pas assez investi ce champ. Sans doute par crainte de mauvaise presse, ou par peur de ne pas pouvoir vendre leurs médicaments tant le cannabis est dédaigné en France où règne encore l’image (fausse) d’une drogue douce conduisant aux drogues dures.

    Parmi les rares traitements contenant CBD et/ou THC autorisé par l'Etat se trouve l’Epidyolex, un médicament américain contenant du cannabidiol qui abaisse la fréquence les crises d’épileptie de 50% dans les cas les plus chanceux, et réduit les risques de convulsions. Un chiffre rassurant, mais bien en dessous des essais britanniques sus-cités. Peut mieux faire donc, si on s'en donne les moyens.

    Pour que la France rattrape son retard, un comité scientifique a été créé mi-février afin de « développer la filière française de culture et de fabrication des médicaments à base de cannabis ». Les recherches prendront 4 mois et profiteront des travaux déjà menés sur 3000 patients au CHU de Clermont-Ferrand. Selon le Dr Authier, une légalisation du cannabis médical pourrait arriver dès 2023.

    Mais que cela ne vous incite pas à tester vous-même n’importe quoi. L’agence de sécurité du médicament s’alarmait en 2019 des achats clandestins de médicaments au CBD en ligne, et qui auraient dégradé la santé de patients épileptiques. Prescrire une drogue ou un médicament à un enfant ne sera jamais insignifiant et doit donc être absolument contrôlé par un médecin.

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