minijupe film Clueless

Le saviez-vous ? Il existe une journée mondiale de la mini-jupe

Petit par sa taille mais grand par son influence, ce vêtement incarne à lui seul toute la résistance des femmes contre le harcèlement sexiste dont elles sont victimes. Et ce grand mouvement est né en Tunisie en 2015.
  • Elle va fêter ses 60 ans, peut être évasée, plissée ou droite et s’étend à mi-cuisse ou juste sous la fesse pour les plus audacieuses. Elle, c’est la mini-jupe bien sûr, née en 1964 (la même année que le monokini !) des mains de l’audacieuse créatrice anglaise Mary Quant et reprise l’année suivante par le couturier français André Courrèges dans sa collection printemps-été. Dès sa naissance, ce vêtement a créé un conflit entre celles qui y voient une libération (Des jambes ! Les femmes peuvent enfin courir et faire du sport) et ceux qui la trouvent vulgaire parce qu’elle révèle le genou et la cuisse.

    Il faudra attendre que la haute-couture, les chanteurs (le Mini mini mini de Dutronc) et les actrices s’en emparent pour éteindre l’incendie. Mais de nos jours le feu couve toujours hélas, comme le rappelle la journée mondiale de la mini-jupe, chaque année le 6 juin.

    Jupe courte, mémoire longue

    En 2015, une campagne de communication demandait aux Algériens de couvrir leurs épouses, clamant « Sois un homme et voile tes femmes ». En particulier, une jeune femme ne put passer un examen car elle portait une robe trop courte jugée indécente…

    En réaction à cette négation des droits des femmes à disposer de leur corps, l’activiste féministe Najet Bayoudh et le président de la Ligue de défense de la laïcité et des libertés, Rachid Ben Othman, ont lancé en Tunisie une contre-offensive, en demandant à toutes les femmes de se rassembler le 6 juin 2015 à 16h en mini-jupe sur une place de Tunis.

    Un appel entendu dans le monde entier qui a pris la forme depuis d’un rendez-vous annuel pour rappeler que les femmes devaient être libres de se vêtir comme elles le souhaitent, autant que les hommes, et plus généralement pour dénoncer le sexisme et l’obscurantisme qui les frappe encore et toujours de nos jours...

    9 femmes sur 10...

    En 2016, 87 % des femmes avaient déjà été harcelées dans les transports en commun, selon la Fédération Nationale des Associations d'Usagers des Transports (FNAUT). En réponse, la moitié (54%) d’entre elles évitent de prendre bus ou métro à certaines heures jugées « à risques » et 48 % choisissent d'adapter leur tenue, en optant pour un pantalon…

    Un chiffre qui évolue peu au fil du temps : en 2022, plus d’une femme sur trois continuaient de se plaindre de gestes ou remarques sexistes en Île-de-France et 93,5 % des usagères avaient déjà subi de tels comportements.

    Délivrez-nous du male gaze

    Dangereuse la mini-jupe ? Il faut le croire puisqu’à Mulhouse, un homme a giflé et étranglé deux femmes parce qu’elles portaient des jupes trop courtes à ses yeux… Une semaine avant, la même scène s’était produite à Strasbourg. Comme pour donner raison à leur offuscation, le règlement intérieur d’Airbus interdisait toujours les mini-jupes dans son personnel, jusqu’en 2001…

    Sauf qu'un vêtement n'a pas de sexe. Le problème n'est ni la jupe ni sa longueur, mais le regard que certains portent dessus ; ce qu'on appelle le male gaze. Heureusement, l’époque bouge (un peu) : pour que la jupe ne soit plus assimilée à un vêtement érotique, la compagnie aérienne SkyUp Airlines a supprimé l’obligation pour ses hôtesses d'en porter et non la jupe elle-même. Offrir le choix, c’est féministe. Comme ces hôtesses, chacun et chacune devrait être libre de porter le vêtement qu’il ou elle souhaite. Et, comme ces jupes, cela ne va pas plus loin.

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