2023 M06 6
Elle va fêter ses 60 ans, peut être évasée, plissée ou droite et s’étend à mi-cuisse ou juste sous la fesse pour les plus audacieuses. Elle, c’est la mini-jupe bien sûr, née en 1964 (la même année que le monokini !) des mains de l’audacieuse créatrice anglaise Mary Quant et reprise l’année suivante par le couturier français André Courrèges dans sa collection printemps-été. Dès sa naissance, ce vêtement a créé un conflit entre celles qui y voient une libération (Des jambes ! Les femmes peuvent enfin courir et faire du sport) et ceux qui la trouvent vulgaire parce qu’elle révèle le genou et la cuisse.
Il faudra attendre que la haute-couture, les chanteurs (le Mini mini mini de Dutronc) et les actrices s’en emparent pour éteindre l’incendie. Mais de nos jours le feu couve toujours hélas, comme le rappelle la journée mondiale de la mini-jupe, chaque année le 6 juin.
Aujourd'hui c'est la journée mondiale de la mini-jupe😜... UNSA AAF avec vous ! 👍💙 pic.twitter.com/MIOPX3oxDF
— UNSA AAF (@UForets) June 6, 2022
Jupe courte, mémoire longue
En 2015, une campagne de communication demandait aux Algériens de couvrir leurs épouses, clamant « Sois un homme et voile tes femmes ». En particulier, une jeune femme ne put passer un examen car elle portait une robe trop courte jugée indécente…
En réaction à cette négation des droits des femmes à disposer de leur corps, l’activiste féministe Najet Bayoudh et le président de la Ligue de défense de la laïcité et des libertés, Rachid Ben Othman, ont lancé en Tunisie une contre-offensive, en demandant à toutes les femmes de se rassembler le 6 juin 2015 à 16h en mini-jupe sur une place de Tunis.
6 juin, journée mondiale de la mini-jupe.
— GODLOVE KAMWA (@KamwaGodlove) June 6, 2022
''Les femmes ont le droit de se vétir comme bon leur semble et d'être toujours respectées par les hommes.'' Journée lancée en 2015 en Tunisie en solidarité avec la femme opprimée. pic.twitter.com/INpAKPAqx5
Un appel entendu dans le monde entier qui a pris la forme depuis d’un rendez-vous annuel pour rappeler que les femmes devaient être libres de se vêtir comme elles le souhaitent, autant que les hommes, et plus généralement pour dénoncer le sexisme et l’obscurantisme qui les frappe encore et toujours de nos jours...
9 femmes sur 10...
En 2016, 87 % des femmes avaient déjà été harcelées dans les transports en commun, selon la Fédération Nationale des Associations d'Usagers des Transports (FNAUT). En réponse, la moitié (54%) d’entre elles évitent de prendre bus ou métro à certaines heures jugées « à risques » et 48 % choisissent d'adapter leur tenue, en optant pour un pantalon…
Un chiffre qui évolue peu au fil du temps : en 2022, plus d’une femme sur trois continuaient de se plaindre de gestes ou remarques sexistes en Île-de-France et 93,5 % des usagères avaient déjà subi de tels comportements.
Délivrez-nous du male gaze
Dangereuse la mini-jupe ? Il faut le croire puisqu’à Mulhouse, un homme a giflé et étranglé deux femmes parce qu’elles portaient des jupes trop courtes à ses yeux… Une semaine avant, la même scène s’était produite à Strasbourg. Comme pour donner raison à leur offuscation, le règlement intérieur d’Airbus interdisait toujours les mini-jupes dans son personnel, jusqu’en 2001…
Sauf qu'un vêtement n'a pas de sexe. Le problème n'est ni la jupe ni sa longueur, mais le regard que certains portent dessus ; ce qu'on appelle le male gaze. Heureusement, l’époque bouge (un peu) : pour que la jupe ne soit plus assimilée à un vêtement érotique, la compagnie aérienne SkyUp Airlines a supprimé l’obligation pour ses hôtesses d'en porter et non la jupe elle-même. Offrir le choix, c’est féministe. Comme ces hôtesses, chacun et chacune devrait être libre de porter le vêtement qu’il ou elle souhaite. Et, comme ces jupes, cela ne va pas plus loin.
After collecting feedback from flight attendants about their uniforms, Ukrainian carrier SkyUp Airlines decided to put an end to heels, pencil skirts and tight shirts. The new uniform now includes white sneakers and a loose orange suit with trousers https://t.co/aEbnIalXJe pic.twitter.com/EDXc5hqmOa
— Reuters (@Reuters) October 8, 2021