Mange ta cuillère à soupe

Le plastique n’est plus du tout fantastique contrairement à ce que chantait le groupe Elmer Food Beat dans les années 80. L’interdiction à la vente des couverts en plastique est effective depuis le 1er janvier 2021. Tiphaine Guerout a saisi cette opportunité pour inventer une cuillère et une fourchette qui se dégustent. « Avec mon associée Johanna Morel, nous voulions proposer une alternative joyeuse et gourmande au plastique et au bois. Koovee ne plait pas seulement aux personnes qui sont engagés écologiquement mais à tout le monde parce que c’est un petit biscuit délicieux qu’on vient manger. A la fin du repas, il n’y a rien à jeter et on s’est régalé » explique la jeune femme avec délectation.

Salé ou sucré : il y en a pour tous les goûts

Les couverts Koovee existent avec un goût salé…ou sucré aussi pour agrémenter les desserts. Mieux : l’entreprise a développé des saveurs différentes. « On a voulu garder des saveurs 100% françaises, c’est pour ça qu’on n’a pas de vanille ni de chocolat. On a choisi de prendre des goûts qui ne sont pas très clivants, qui sont assez universels. En sucré, on a Fleur d’oranger et Amande. En salé, on a Herbes de Provence. Et entre les deux, on a une version nature qui va aussi bien avec un plat de résistance qu’avec un dessert » énumère Tiphaine Guerout.

La base du biscuit -du couvert, pardon- est simplissime. L'équipe est partie sur de la farine de blé, de l’huile de colza et du sel : « c’est valable pour la saveur nature et c’est le point de départ de toutes les autres recettes. Tout est bio et la certification est en cours d’obtention. Nos fournisseurs sont tous en France ».
Évidemment, ces cuillères et ces fourchettes comestibles ont une texture suffisamment résistante pour tenir le de manger l’intégralité de son plat avant de pouvoir être croqués. « Ils restent entre 6 et 8 minutes en immersion totale dans une eau à 60 degrés sans se déliter. On a des clients qui s’en servent pour leur soupe et il n’y a pas de souci. Le couvert ne s’imbibe pas » assure la patronne.

Mais pour arriver à ce résultat, l’équipe de cinq personnes qui compose Koovee a travaillé dur et elle a été patiente. Elle a passé plus d’un an et demi à faire de la R&D pour pouvoir fabriquer des couverts qui soient à la fois gourmands, pas trop casse-dents mais aussi résistants à la soupe, au café, aux plats en sauce etc.

« Sortir un produit n’est pas anodin, c’est complexe. C’est un procédé unique qui nécessite du temps parce qu’il va falloir fabriquer des machines, imaginer le design, faire des essais. C’est là qu’on se rend compte qu’on est dans l’industrie et pas dans le digital. Ce n’est pas une ligne de code. Ce n’est pas si simple de faire une fourchette qui se mange, qui est bonne, qui pique bien et qui permet vraiment de résister aux plats sur la durée » fait valoir la jeune femme.

Avec tout ce travail effectué avec des ingénieurs, des agronomes, des biscuitiers ou encore des designers industriels, l’entreprise a préféré conserver son savoir-faire pour internaliser la production. Dans ses deux sites de Bordeaux et Marseille, Koovee fabrique et commercialise elle-même ses biscuits, sans distributeur.

Des couverts à croquer au prix d’un morceau de pain et moins chers qu’un dessert

Les premiers couverts ont été vendus en septembre 2019. « On s’est lancé avec notre cuillère. On a beaucoup travaillé avec les grands traiteurs parisiens type Fauchon ou Raynier Marchetti et Lenôtre qui en avaient besoin pour leurs verrines. Aujourd’hui, on vend aux pros comme aux particuliers. Sur notre site, vous pouvez commander nos couverts soit pour préparer vos repas ou vos pique-nique, soit pour les offrir » vante Tiphaine.

Totalement vegan sans beurre ni lait, la cuillère, la fourchette et le couteau comestibles se conservent quatre mois. « On a plusieurs types de conditionnement : 100% papier pour l’emballage individuel et toute la vente à emporter, par sachet de 20 et en vrac. Ces trois options différentes ont un impact assez conséquent sur le prix parce que notre papier 100% français sans plastique ni aluminium, apte au contact alimentaire, coûte cher » poursuit la biscuitière.  Concrètement, pour les particuliers, un coffret de 20 cuillères Fleur d’oranger, par exemple, coûte une quinzaine d’euros. Pour les professionnels, les couverts vont de 18 cts à 40 cts, selon les quantités commandées.

Aujourd’hui, les centres de production de Koovee concoctent plusieurs dizaines de milliers de ces couverts comestibles par jour. Ils partent comme des petits pains.