Qui veut habiter dans une ville cylindrique comme dans Interstellar ?

Quatre designers chinois sachant tâter du logiciel de création graphique ont imaginé une cité tubulaire dont le but, pensent-ils, est d’améliorer la mixité sociale des grandes villes de leur pays. Alors, possible ou pas ?
  • Dans le film Interstellar, Cooper (Matthew McConaughey) rejoint une station spatiale cylindrique à gravité simulée où les habitations et les champs de maïs se déploient tout le long d’un anneau flottant parmi les étoiles. Tournis garanti ! Les amateurs.trices de science-fiction connaissent bien ce genre de ville spatiale : il s’agit du fameux « cylindre O'Neill », un type d’habitat popularisé dans les années 1970 par Gerard K. O'Neill dans son livre Les Villes de l'espace. Selon ce physicien américain, des mégastructures en forme de tube gravitant dans l’espace seraient la meilleure option des États-Unis pour coloniser à grande échelle le système solaire. Depuis, on retrouve fréquemment le cylindre O’Neil dans les grandes œuvres de SF, de l’anime Mobile Suit Gundam aux jeux vidéos Mass Effect, et des romans Hyperion à The Expanse.

    Yunheng Fan, Baoying Liu, Rongwei Gao et Junliang Liu sont certainement fans de SF, mais ils souhaitent d’abord s’attaquer aux problèmes actuels de leur pays avant de rêver d’étoiles. La Chine connaît d’importants flux migratoires internes entraînant l’émergence d’une population de travailleurs clandestins. Ils ne possèdent pas de « hukou urbain » : un titre de séjour autorisant l’individu à vivre en ville et à bénéficier d’une assurance médicale, de certaines facilités pour se loger, du droit d’envoyer ses enfants à l’école, etc. Ces travailleurs, dont le nombre s’élevait à 286 millions en 2017, participent au développement du pays... mais sont hélas victimes d’exclusion.

    Les 4 designers ont alors imaginé ce qu'ils nomment un « « condensateur urbain » : une « ville dans la ville » qui favoriserait la mixité sociale et l’intégration des migrants à la cité.

    Le principe de ces villes tubulaires, longues de plusieurs kilomètres, est de mélanger les migrants économiques et les résidents permanents. À la différence des cités-dortoirs, tous les éléments composant une ville sont présents : commerces, écoles, cafés et restaurants, banques, hôtels, etc.

    La surface au niveau du sol est dédiée aux espaces verts et à l’agriculture. Les habitations, à en croire les images, s’élèvent jusqu’au sommet de l’anneau. Les concepteurs insistent sur la présence de touristes dans leur « condensateur urbain », indispensables, d’après eux, pour former ce qu’ils appellent une « super communauté ».

    Étonnamment, les 4 designers ont conçu leur « ville-tuyau » comme un édifice temporaire voué à devenir une ruine :

    « En 2090 (au plus tard), suite au décès des travailleurs migrants nés dans les années 1990 et 2000, et avec la résolution des problèmes de migrations économiques, cet édifice sera progressivement abandonné jusqu’à devenir un monument historique témoin d’une certaine époque. »

    Si ce cylindre O’Neill « made in China » voyait le jour, auriez-vous envie d’y passer vos prochaines vacances, comme l’espèrent ses concepteurs ? Si la réponse est oui, mieux vaut ne pas souffrir du vertige au cas où l’auberge de jeunesse se trouverait… tout en haut de l’anneau !

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