2022 M10 3
Comme de nombreux pays nordiques, le royaume de Norvège est très avancé en matière de transition écologique. Le pays est par exemple le premier pays au monde en ce qui concerne les ventes de véhicules électriques. En 2021, 64,5 % de toutes les voitures vendues dans ce pays scandinave étaient entièrement électriques. Oslo, sa capitale, figure également parmi les capitales vertes de l’Europe en raison des politiques écologiques de la ville. En outre, dans ce pays nordique, la préservation des espaces naturels est assez élevée. Enfin, la Norvège est également le premier producteur européen d’hydroélectricité et son électricité est majoritairement bas-carbone.
Pourtant, en matière d’énergie, le royaume scandinave fait aussi face à un sérieux paradoxe puisqu’il exploite de gigantesques réserves pétrolières, et ce depuis des années. Un sujet pour ce pays qui fait d’ailleurs face à un autre problème : de nombreuses plateformes pétrolières deviennent obsolètes avec le temps. Alors, pour éviter une source de pollution supplémentaire, les norvégiens se sont lancés un défi de grande ampleur : devenir les champions du monde du recyclage de ces plateformes, qui seront plus de 10 000 à devenir hors d’usage dans les prochaines années.
3 plateformes pétrolières usagées en cours de recyclage
Pour le moment, ce sont 3 géants d’acier qui sont en chantier à Stord, une île située à l’Ouest du pays. Ils totalisent pas moins de 40 000 tonnes d’acier, soit le poids du porte-avions Charles de Gaulle. L’objectif fixé par les autorités est de parvenir à démanteler et recycler 98% de ces infrastructures. Le procédé n’est pas simple : il faut retirer tous les équipements électriques mais aussi les matières dangereuses (comme l’amiante, par exemple) avant de pouvoir s’attaquer au recyclage des éléments métalliques. Parmis ces éléments, l’essentiel est de l’acier à haute-valeur ajoutée qui peut ensuite resservir.
« C’est de l’acier qui doit supporter les rigueurs météorologiques de la mer du Nord. Autant dire que c’est ce qui se fait de mieux »
explique ainsi Thomas Nygård, directeur de projet dans le démantèlement chez Aker Solutions, l’entreprise qui gère ce vaste chantier.
Cet acier qui vient d’anciennes plateformes pétrolières pourra notamment être réutilisé pour la fabrication d’éoliennes offshore, ce qui est très symbolique en matière de transition énergétique.
En outre, cela permet aussi de développer une véritable filière d’économie circulaire autour de l’acier. On estime en effet qu’un kilo d’acier recyclé représente entre 58 et 70% d’émissions de gaz à effet de serre en moins qu’un kilo d’acier tout neuf. Un marché colossal puisqu’on estime qu’il y aura bientôt, au niveau mondial, près de 10 000 plateformes pétrolières en fin de vie qui pourront ainsi être revalorisées pour permettre de construire de nouvelles infrastructures.
En parallèle, les associations de protection de la nature, qui saluent évidemment cette pratique, appellent à instaurer des aires marines protégées sur les sites des anciennes plateformes pétrolières. Le fait est qu’elles sont généralement de belles réserves de poissons puisque la pêche industrielle y est proscrite et qu’il serait intéressant, pour aller au bout de la démarche, que ces anciens sites de production de pétrole continuent de rester - après utilisation - des endroits propices au développement de la nature.