2023 M03 20
À première vue, ça ressemble à un flingue tiré d’un film de SF un peu cheap. En réalité, c’est un Tufting Gun. Ou « pistolet à touffetage », dirait-on à l’Académie française. Il sert à piquer le fil laine sur une toile de moine (qui a la particularité d’avoir une trame lâche) tendue sur un cadre en bois. Cet outil est d’ordinaire utilisé par les personnes dont la fabrication de tapis est le métier. Mais depuis quelque temps, on le retrouve dans les mains d’amateurs.rices qui se prennent de passion pour le « cut-pile » et le « loop-pile » - deux des principales techniques de tufting.
Je tufte, tu tuftes, il.elle tufte, nous touftons…
Apparu comme loisir créatif il y a 4-5 ans aux États-Unis, puis popularisé dans le reste du monde durant le Covid et ses périodes de confinement, le tufting a l’avantage de ne pas demander trop d’efforts avant d’attraper le coup de main. Rapidement, on réussit à créer son premier tapis. Pour faire court, on reproduit au crayon sur la toile un motif à main levée ou à l’aide d’un vidéoprojecteur. Ensuite, on pique les fils de laine grâce au pistolet électrique en suivant le tracé et en remplissant les zones. Enfin, on encolle et on égalise la laine à l’aide d’un ciseau ou d’une petite tondeuse. Et admirez le travail !
Le tufting demeure une activité plutôt abordable pour le porte-monnaie, puisqu’on trouve des kits pour débuter (incluant le pistolet, le cadre, la toile et la laine) à partir de 350 euros. Et pour les gens un peu pressés, c’est un loisir idéal, explique Guillaume Neves, designer textile et auteur d’un livre sur la pratique :
« Ce qui me plaît dans le tufting, c’est l’immédiateté. On voit très rapidement à quoi va ressembler le travail final. On peut également défaire et refaire, parce que dans le tufting l’erreur est permise. »
Des tableaux moelleux
Selon la taille et la complexité du motif, un tapis prendra de quelques heures à plusieurs journées de travail. Sur internet, les adeptes postent leurs créations « tuftées » : cadre de miroir, protection de skate, habille-pot, tentures murales, etc.
Outre l’aspect pratique et décoratif, le tufting permet d’exprimer sa fibre artistique. Les pros de la gâchette sont capables de faire de véritables peintures en laine : logos de leurs marques préférées, personnages de jeu vidéo ou de manga, compositions abstraites, célèbres mèmes… Avec un peu d’habileté, n’importe quelle photo peut être reproduite en tapis.
🧵 ✂️ Le tufting, du tuning de tapis
— Imaz Press Réunion (@ipreunion) March 4, 2023
Le tufting, qu’on peut traduire par « touffetage », une technique de confection de tapis. A Saint-Denis, Kenny et ses créations « Atomik Craft » font un peu figure d’exception.
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Si le tufting s’impose comme la nouvelle mode, c’est parce qu’il s’inscrit dans ce phénomène plus global du « nesting », ou quand le nouveau cool consiste à rester chez-soi pour cuisiner, broder, jardiner ou refaire sa déco. À en croire Guillaume Neves, l’activité relève presque du yoga :
« C’est apaisant et méditatif comme toutes les techniques textiles, même si c’est plus dynamique. »
L’apparence duveteuse et colorée de ces tapis stylés est évidemment « réseaux sociaux-compatible » : on compte 1,1 milliard de vues pour les vidéos TikTok avec le #rugtufting et pas loin de 500 000 publications Instagram sous le #tufting. Voilà pour la tendance 2023. Quel sera la nouvelle activité DIY de 2024 : la reliure de livre ? La tabletterie ? La tapisserie ? Les paris sont ouverts, vous misez… votre tapis ?
Crédit photo Une : Facebook officiel ragment.x