2022 M02 18
Souvent les êtres humains que nous sommes se définissent par leur travail et le statut social qu’il confère. Résultat : au moment de la retraite, nombreux sont ceux qui se sentent mis à l’écart de la société. Alphonse a justement été créée pour aider les futurs retraités à passer ce cap et leur prouver qu’on ne devient pas inutile quand on arrête de travailler. « Les gens savent faire plein de trucs mais n’en sont pas conscients. On va essayer de révéler ça pour construire avec eux des solutions concrètes de sorte qu’ils profitent pleinement de leur retraite et notamment qu’ils aient envie de transmettre leurs savoirs » explique Barthélémy Gas, le co-fondateur d’Alphonse.
« J’ai toujours aimé échanger avec des gens plus âgés car je trouve qu’ils ont plein d’anecdotes à raconter. »
Un déclic
Au départ, rien ne prédestinait pourtant ce trentenaire et son associé Thibault Gastin, deux ingénieurs en BTP, à se préoccuper du temps libre des seniors. C’est à l’occasion d’un premier poste au Congo, que Barthélémy constate que les liens intergénérationnels là-bas sont très forts. Un déclic ! « C’est dommage en France de travailler toute sa vie et de ne pas transmettre comme cela se fait en Afrique. J’ai toujours aimé échanger avec des gens plus âgés, car je trouve qu’ils ont plein d’anecdotes à raconter ». De retour dans l’Hexagone, les deux acolytes lâchent leurs pelles et leurs casques de chantier. En 2016, Ils montent ensemble le projet Les talents d’Alphonse -axé uniquement sur la transmission des savoirs- avant d’évoluer vers Alphonse tout court. « On a créé un programme d’accompagnement de cette transition qu’on ne va vivre qu’une fois dans sa vie pour aider à se projeter à la retraite et de ce qu’on peut en faire de façon positive ». Par envie et par curiosité, Barthélémy et Thibault se sont ainsi rapprochés de personnes qui n’avaient pas le même âge, leurs futurs clients. Tout ça, grâce à Alphonse, leur plateforme digitale, pourrait-on dire.
Des parcours construits avec des psychologues et des experts de la transition de vie
Alphonse propose deux parcours de 4 à 6 semaines chacun, animés par des coachs maison, conçus avec des psychologues du travail et des experts de la retraite. Le premier qui est individuel peut se suivre dès 55 ans. « On pense que ce premier parcours est intéressant pour interroger les futurs retraités sur leurs besoins, leurs envies et leurs contraintes pour trouver la meilleure date de départ. C’est comme un billet d’avion. Quand vous connaissez la date de départ, vous allez pouvoir planifier la suite…prolonger des choses, vous former, suivre vos passions ou transmettre pour vous accomplir ». C’est justement l’objet du second parcours qui est à la fois individuel et collectif pour échanger avec les autres participants. « On a des personnes qui viennent de tous les horizons socio-professionnels : du grand patron à l’employé du service courrier payé au SMIC. On va mixer les groupes pour permettre à chacun de se rendre compte de la problématique de l’autre et élargir ainsi le champ des possibles ». Les accompagnements mélangent des contenus envoyés par courriels avec des exercices à faire et des échanges via visioconférence.
Un accompagnement finançable à 100% via le CPF
Aujourd’hui, l’équipe d’Alphonse qui compte une vingtaine de personnes devrait doubler en 2022. Elle occupe des bureaux à Paris et - ne me demandez pas pourquoi- le siège social de l’entreprise se situe dans le Nord. Elle a un statut d’organisme de formation avec son incontournable certification Qualiopi. Les deux parcours sont totalement gratuits pour les participants. Ils n’ont qu’à piocher dans leur compte personnel de formation, le fameux CPF qu’on ne présente plus et dont les crédits non utilisés sont perdus à la retraite. « On travaille en partenariat avec des caisses de retraite et des groupes de protection sociale qui se concentrent surtout sur les aspects financiers et les dates opportunes pour liquider ses droits alors qu’Alphonse a une approche développement personnel à partir des projections de ces cabinets. On rend la notion de retraite accessible » précise le trentenaire qui aimait les seniors. En 2 ans, Alphonse a accompagné plus de 1000 apprentis retraités et vise la barre des 2500 cette année. Enfin, je vous laisse méditer sur ce calcul de Barthélémy : « On a autant de jours libres entre 60 et 70 ans qu’entre 20 et 60 ans ». Autant les occuper de manière utile, non ?