2023 M02 17
L’Écosse étant connue pour ses importants élevages ovins (principalement des moutons), la terre de la région de Carrifran n’était plus que l’ombre d’elle-même. Il ne restait qu’un sol terreux où perçaient des herbes rapidement mangées par le bétail. Même quand la nature réussissait à faire germer un arbrisseau, des cerfs le dévoraient avant qu’il ait pu pousser. La faute à un manque de biodiversité flagrant.
Heureusement, en 1996, le Borders Forest Trust a décidé de redonner vie à une région de 645 hectares dans les hautes terres de Moffat, au sud de l’Ecosse. Aujourd’hui elle peut dire qu’elle a gagné son combat.
750 000 arbres où nicher
D'abord, l'asso a dû acquérir cette région grâce à de nombreux donateurs. Une fois l’acte signé en janvier 2000, les volontaires se sont rendus dans le vallon de Carrifran et ont commencé à y planter des arbres. Ils ont dû installer des clôtures grillagées pour les protéger de la faune de passage. En 2022, ils en avaient déjà replanté… 750 000.
Bien sûr, les essences choisies sont toutes locales afin de recréer la région telle qu’elle était il y a un millier d’années. En 4 ans, un tapis de verdure était revenu à la vie, recouvrant les pentes du vallon pourtant largement enneigé à la saison froide. En 2010, de nombreuses fleurs et espèces indigènes repoussaient d’elles-mêmes. De nombreux oiseaux aussi étaient de retour : fauvettes des saules, pinsons, fauvettes à tête noire, tarins, mésange à longue queue, pipits… L’embarras du choix.
Carrifran 1999 and today 27th July 2022.
— Rewild Scotland 🏴🌳 (@RewildScotland) July 27, 2022
Landscape scale habitat restoration.#RewildScotland #RewildOurPlanet pic.twitter.com/1eENWGk6HJ
En 2020, « les renards et les blaireaux sont désormais fréquents » tandis que « les loutres, les hermines, les belettes, les crécerelles, les pèlerins et les corbeaux » vivent dans ce paysage restauré, comme le décrit l'asso Rewilding Britain sur son site. Maintenant, le fond écolo s’active à réintroduire des animaux sauvages disparus de la région pour « faire revivre le cœur sauvage du sud de l'Écosse ».
La magie écossaise
Ni engrais chimique, ni méthode miracle, les activistes ont simplement comblé les trous du maillage naturel qu'est un éco-système. Avec comme tronc commun... des arbres. Non contents de créer un réseau de racines qui maintient la terre pour que d’autres plants puissent y pousser, les arbres replantés offrent leurs feuilles mortes au sol (ce qu’on appelle la litière) pour stocker l’eau de pluie et créer de l’humus riche en azote qui soutient la croissance des autres végétaux.
Ces nouvelles plantes accueillent des insectes et nourrissent des animaux qui forment une chaîne alimentaire bien connue. Un ensemble appelé biodiversité tandis que l’action de la régénérer s’appelle le "réensauvagement". Un terme qui fait (inutilement) peur lorsqu’il parle d'animaux disparus comme les loups, lynx et ours. Alors qu’il faut juste voir chaque animal comme une pièce ayant retrouvé sa place dans le puzzle.
Brave hearts
Par sa manifeste (et magnifique) restauration, Carrifran est « une lueur d'espoir » selon les termes du porte-parole Richard Bunting. Une preuve que nous pouvons avoir « un impact considérable et durable dans la lutte contre les crises de la biodiversité et du climat » puisque arbres et sols captent et séquestrent le CO2. Une nécessité encore plus pressante en Grande-Bretagne; l'un des pays les moins boisés d'Europe.
L’ONG rappelle en conclusion que la nature n’a pas disparue toute seule mais que la dévastation résulte de « siècles de pâturage sur des collines fragiles ». Si vous savez déjà combien vous pourriez sauver le climat en arrêtant la viande, voilà un autre argument pour se passer de kebab.
Crédit photo : (c) Borders Forest Trust / Philip Ashmole