Vous avez bien 20 minutes avant la fin du monde ?

Coup de projecteur sur « 20 minutes avant la fin du monde », le podcast d’autodéfense écologique, à l’occasion d’une rencontre avec son co-créateur, Antoine Hardy.
  • À l’heure du réchauffement climatique, de la fonte des glaces, de la disparition des espèces et de la télé-réalité, l’humanité laboure son jardin de mauvaises idées avec une candeur feinte, peut-être juste avant la fin de tout. Heureusement, après un coup d’œil furtif à sa montre, le tic-tac pressant des aiguilles lui a tout de même fait planter quelques pépites ambitieuses, que l’on prend toujours plaisir à mettre en avant chez les Éclaireurs. C’est justement le cas de « 20 minutes avant la fin du monde » : le podcast d’autodéfense écologique. Alors pour en savoir un peu plus, nous avons rencontré Antoine Hardy, son co-créateur.

    La meilleure façon de faire, c’est de faire.
    Lancé il y a un peu plus d’un an par Antoine Hardy et Sarah Grau, avec maintenant une vingtaine d’épisodes au compteur, le podcast décortique, à chaque épisode, une thématique liée à l’écologie, et les problématiques environnementales et sociétales qui peuvent en découler.

    « En mangeant un bout avec Sarah, on s’est dit qu’on en avait marre des formats un peu vieillots, faits par des gens qui ont 30 ou 40 ans de plus que nous. Là, c’est l’idée de potes qui se retrouvent pour parler d’écologie, "comme à l’apéro". La meilleure façon de faire, c’est de faire. Alors on a enregistré deux épisodes, on les a proposés à Fréquence Moderne et tout le monde était emballé. »

    Et effectivement, comptant actuellement dans ses rangs plusieurs podcasts aux thématiques variées, Fréquence Moderne se démarque par la légèreté et l’accessibilité du ton employé. Mais aussi par la chaleur qui se dégage d’un regroupement entre amis autour d’une table (ce qui nous manque d’ailleurs cruellement depuis l’année dernière). C’est une recette qui fonctionne, d’autant plus lorsque l’on souhaite faire passer un message fort.

    « Quand tu parles d’écologie, tu peux avoir deux problèmes : soit tu es très énervé, légitimement, soit c’est tabou. En somme, c’est soit le discours de la colère, soit l’absence de discours. Et on trouvait ça dommage. »

    Fast fashion, alimentation, empreinte carbone et algues vertes ; si certains épisodes se focalisent sur des sujets plutôt attendus, d’autres sont plus surprenants : pourquoi a-t-on besoin de faire la fête ? Comment l’écologie peut-elle être vectrice d’émancipation pour les classes populaires ? Comment se détacher de l’injonction au bonheur ?

    « L’idée, c’est d’échanger en 20 minutes, de façon informée, mais pas assommante, de façon préoccupée, mais jamais désespérante. Avec l’idée de n’être ni prétentieux, ni déprimant », assure-t-il. »

    Comme une conversation entre potes, avant la fin d’un monde et le début d’un autre.
    Alors pour amener des sujets importants sur un ton chaleureux, rien de mieux qu’une équipe solide, aux profils variés. Pour « 20 minutes avant la fin du monde », la démarche est collective. Plutôt que d’avoir un invité par épisode, le podcast fait émerger des chroniqueurs et chroniqueuses avec leur personnalité, leur regard, leurs obsessions.

    « Tout ça crée un esprit de groupe, et c’est ça qui a de la valeur à nos yeux. Les changements sur le plan écologique ne peuvent qu’être collectifs. La société libérale nous individualise, fait qu’on est en compétition… Alors l’idée de former un groupe est importante », poursuit Antoine. « La chaleur d’un ton et la force d’un rire peuvent aussi être très politiques. Faire passer des préoccupations collectives graves dans les mots d’une discussion de tous les jours, entre amis, c’est essentiel. »

    C’est aussi ça, le pouvoir du podcast. La possibilité, en peu de temps, d’explorer un sujet, tout en passant un bon moment. Se divertir, ce n’est pas forcément mettre son cerveau sur pause.

    « Nous, ce qu’on essaye de dire, c’est qu’on peut se divertir, rire, tout en étant dans une démarche politique, mais qui ne soit ni chiante, ni moralisatrice », nous répond Antoine.  « On a plein de défauts, de contradictions et d’imperfections, parce qu’on vit dans un monde qui est imparfait. Ce qu’on essaye de casser, c’est la rhétorique des petits gestes », continue-t-il. « Ça ne veut pas dire qu’on ne doit pas faire d’efforts, mais qu’il ne faut pas reposer le fardeau sur l’individu, alors que les responsabilités sont collectives et inégalement réparties. C’est ce qu’on essaye de raconter dans les épisodes. »

    Et cette cohésion de groupe se ressent à leur écoute, car le podcast naît d’abord d’une amitié entre Antoine et Sarah.

    « C’est un projet pensé à deux, et l’entente avec Sarah, je la trouve incroyable. Elle me fait rire, elle m’apprend plein de trucs, et cette chaleur-là tire tout le monde vers le haut. Mais l’équipe s’agrandit peu à peu, notamment pour les derniers épisodes sur le bonheur. Si on est préoccupé par l’écologie, ça peut paraître naïf, mais c’est parce qu’on aime la vie, on aime les êtres vivants et les moments passés ensemble. Le podcast veut respirer ça, donc on est content de faire grandir notre équipe. »

    Nous, on finira simplement par vous conseiller de prendre le temps d’écouter ce podcast. Parce que, d’accord, il reste probablement plus de 20 minutes avant la fin du monde. La question est pourtant la même : qu’allez-vous en faire, de ce temps ?

    Retrouvez les épisodes de « 20 minutes avant la fin du monde » sur les plateformes de streaming audio.


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