polystirene en maïs

Sans pétrole et biodégradable : et si l'avenir du polystyrène, c'était le pop-corn ?

Le maïs grillé n’est plus seulement le compagnon de vos soirées ciné. Grâce à des chercheurs allemands, c’est aussi devenu un matériau isolant compostable idéal pour nos maisons.
  • Depuis plus d’un demi-siècle, le polystyrène est largement utilisé dans la construction comme isolant thermique. Ce matériau peu coûteux est fabriqué à partir d’un dérivé de pétrole pour donner une mousse par la suite moulée et découpée en panneaux qui deviendront des cloisons, des planches mais aussi des emballages pour l’expédition de colis.

    Il cumule deux gros défauts : le polystyrène est inflammable et dégage alors des fumées cancérigènes. Sur le plan environnemental, ses petites billes sont aussi très difficiles à recycler. De quoi assombrir le bilan de ces plaques blanches… D'autant que les substituts trouvés jusqu’alors pour combler ces défauts se sont révélés bien coûteux. Pourtant, la réponse était là, sous nos yeux, jaune comme un soleil.

    De l’or dans les doigts

    C’est en premier lieu le professeur allemand Alireza Kharazi qui a eu l’idée d’utiliser du maïs à la place des billes de polystyrène expansé, un soir au cinéma. Une fois grillé, le maïs donne du pop-corn comme celui que le scientifique tenait dans les mains. Mais le pop-corn, lui, ne re-grille pas. Et, étant d’origine végétale, si on le jette il finit par se bio-dégrader. Une pierre, deux coups…

    De retour à l’université de Göttingen, Alireza Kharazi va mettre au point avec d’autres chercheurs cet isolant écologique. Avec succès : l'invention a été présentée en novembre. Les ingénieurs allemands ont d’abord broyé des grains massivement avant de les granuler à la vapeur pour les éclater. Les pop-corns sont alors mélangés à une protéine végétale utilisée comme liant avant d’être préformés. Et voilà, un matériau 100 % naturel.

    pop-corn Autre avantage et pas des moindres, il est possible de réaliser cet isolant avec une matière première moins coûteuse : en récupérant des déchets alimentaires, comme les épis jetés par les agriculteurs car ils n’ont pas le bon calibre ou des couleurs douteuses. En bout de chaîne aussi, il sera moins onéreux, lors de rénovations ou destruction, de détruire les vieux panneaux isolants de maïs que de recycler ceux en polystyrène. C'est tout bénef !

    Géant... vert

    D’après les ingénieurs, les plaques de maïs soufflé ne sont pas plus lourdes que le polystyrène tout en offrant un meilleur rempart thermique pour limiter les déperditions de chaleur. Le procédé de fabrication étant très proche de celui de l’isolant pétrolifère, il serait assez facile pour l’industrie de se réformer rapidement.

    Et pour que cela arrive le plus tôt possible, le groupe de chercheurs mené par le professeur Kharazi a déjà signé un accord autorisant la fabrication de son invention avec le groupe Baschl. Cet industriel du BTP y voit « un complément parfait » à sa gamme de produits et juge cet isolant en maïs versatile, donc capable de s’adapter « aux différentes exigences du marché ». En d'autres termes, il est déclinable pour d’autres usages, notamment en emballage dans la logistique. On va enfin pouvoir dire adieu aux boîtes de kebab qui emplissent les caniveaux.

    Mais cette découverte pourrait s’avérer majeure dans la lutte pour le climat. En effet, renforcer l’isolation de nos logements à tarif bon marché est un levier indispensable pour réduire les consommations énergétiques des chauffages dont l’empreinte carbone est très souvent lourde. Reste une question qui hante chacune de nos séances de cinéma : les Allemands ont-ils trouvé un usage pour les grains qui n’ont pas explosé et restent tous seuls au fond du carton du pop-corn ?

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