2023 M07 10
On les imagine volontiers insouciants et non concernés par les questions politiques. Pourtant, on rechigne à décrypter aux enfants le dérèglement climatique, pour leur épargner l’angoisse. À raison ? Interrogé par Géo, le psychologue Yvan-Marc Juillard affirme que "dès l’âge de 6-7 ans, on peut être affecté par ce sentiment de préoccupation".
Cette douloureuse prise de conscience des enjeux environnementaux rendrait déjà 59 % des 16-25 ans “très inquiets” de la situation climatique selon une étude publiée dans The Lancet en 2021 tandis que des chercheurs ont confirmé en 2022 avoir constaté des effets sur la santé mentale des plus jeunes incluant “la dépression, l'anxiété et des émotions extrêmes telles que la tristesse, la colère et la peur” quand on leur décrivait l’avenir du climat.
Vous souhaitez revoir notre conférence sur l’éco-anxiété chez les enfants et adolescent·es ?
— EcoNova Education (@EcoNova_ca) October 13, 2022
Pas de soucis, le replay est disponible sur YouTube ici
👉 https://t.co/jj2gpzjTgw
Accueillons les émotions et passons à l’action 💪
Merci encore à nos invité·es pic.twitter.com/H1MfJJlOeS
Bref, si vous en doutiez : oui, les enfants sont aisément touchés par l’éco-anxiété. Alors faut-il se refuser à aborder le réchauffement climatique avec eux ? Non. Il faut juste le faire bien. Car comme dit la pédo-psychiatre Coline Stordeur à Télérama : “Les enfants sont capables de comprendre que nous n’échapperons pas aux bouleversements climatiques, mais qu’il existe des moyens de les atténuer.”
Comprendre plutôt que craindre
Les enfants sont mentalement plus vulnérables. Particulièrement les plus petits qui prennent pour argent comptant ce qu’ils voient et entendent (a fortiori de la part d’adultes). C’est pourquoi il est primordial de ne pas laisser des actualités alarmistes les mener à la détresse.
Pour cela, l’enfant doit avoir accès à autant d’informations positives qu'à des constats pessimistes. Partagez des belles histoires, des records accomplis, des innovations écologiques, en même temps que des faits établis. Ces récits et solutions donnent confiance en l’avenir et rassurent sur notre capacité à régler ensemble la situation climatique.
D’autre part, l’enfant ne doit pas se sentir isolé ou démuni. Pour cela, présentez-lui des portraits de personnes agissant pour la planète. Que ce soit ce comédien qui finance une société réduisant les déchets plastiques, cet entrepreneur montant une fondation pour livrer de l’eau en Afrique ou cette lycéenne qui lance des campagnes de mobilisation en ligne et devant les parlements d’Europe, tout enfant a besoin de modèles auxquels se raccrocher.
Penser mondial, agir local
Pour s’approprier ce phénomène et ne pas être dépassé par la situation climatique, il faut relier l’enfant au sujet. Cela passe d’abord par son contact avec la nature, pour la découvrir, l’apprécier, constater et la voir évoluer. La régularité accentuera ce lien.
De la même façon, faites avec lui des recherches sur ces sujets (la NASA regorge d'infos claires) et présentez-lui les solutions que vous avez choisies d’appliquer dans votre quotidien : réduction des consommations, tri des déchets, mobilité douce, paillage du jardin pour limiter l’arrosage, vacances plus près… En explicitant les bénéfices de ces choix et en les relativisant si nécessaire. Il sera alors temps de passer à l’action concrète.
🌎 Une mobilisation joyeuse pour la #journeedelaterre !
— Karine Barbagli (@KarineBarbagli) April 20, 2023
400 enfants déguisés et engagés pour le climat ont convergé vers la mairie.
Bravo aux enfants pour leur creativite, aux équipes d'animation organisatrices, à la police municipale et nationale qui ont sécurisé la marche! https://t.co/vvkRdybBBG pic.twitter.com/xvwtYIw38E
Que ce soit en travaillant à réduire tout gaspillage, en participant à une session de ramassage de plastiques ou en optant pour une marche/rando vélo quand la voiture semblait plus adaptée. Planter un arbre serait magnifique mais planter des fleurs est tout aussi utile : cela fait revenir les abeilles...
Là encore, observez les avantages réels avec lui et mettez en perspective le bénéfice en comparant le gain (énergie économisée, émission de carbone évitée…) à des situations qu’il connaît déjà (ex : un robinet fermé = combien de bains non gaspillés). L’enfant doit réaliser qu'agir est possible, efficace et que cela peut être encore plus efficace en démultipliant le nombre de personnes qui agissent.
Pas de panique !
Dernier point, mais c’est encore plus important : éviter de montrer de la panique face aux changements qui menacent notre planète. Face à un parent dépassé, “l’enfant va comprendre que c’est quelque chose de dangereux, d’immédiat ” décrit le psychologue Yvan-Marc Juillard. “En revanche, si l’adulte régule ses émotions lorsqu’il parle d’écologie, l’enfant sentira que c’est un problème qui est gérable". Il doit sentir qu’il peut avoir confiance dans les adultes pour traiter efficacement ce qui est un problème.
Enfin, prenez le temps de l’écouter. Ses angoisses méritent votre attention ; cela peut permettre de déconstruire des craintes injustifiées ainsi que l’aider à évacuer la pression, indispensable pour vivre avec ces angoisses hélas très contemporaines.
Faites passer le mot : La crise climatique est une crise des droits de l’enfant. 📢
— UNICEF (FR) (@UNICEF_FR) November 12, 2022
L’UNICEF appelle les dirigeants mondiaux à accroître les investissements en faveur de l’adaptation aux changements climatiques et à associer les jeunes aux négociations sur le climat. #COP27 pic.twitter.com/ELtbNZMqO0