Bien-être animal : l'Europe inaugure sa plus grande usine de viande artificielle

La startup britannique Ivy Farm a ouvert la plus grande usine de viande de culture d'Europe, à Oxford. L'usine pilote devrait produire 2,8 tonnes de viande « cultivée » par an.
  • Le marché des protéines cultivées s’est beaucoup développé ces cinq dernières années. L’administration américaine a déjà établi, en 2018, une réglementation pour pouvoir commercialiser ce type de produits. En décembre 2020, les autorités sanitaires de Singapour autorisaient la consommation de nuggets fait à base de poulet artificiel

    De la « vraie » viande fabriquée dans des cuves

    Il faut dire que la population augmente et que la question des ressources se pose plus que jamais. Même si la consommation de viande des Français diminue chaque année, en 2020 elle restait à 84,5 kilos par an et par personne. Pour répondre à la demande, il faut donc repenser l’offre. C’est là que la viande de culture, « clean meat » en anglais (viande propre), entre en jeu. Et justement, la plus grande usine de viande cultivée a ouvert ses portes aux Royaume-Uni. Une usine pilote de plus de 1600 m² située à Oxford. 

    Pour rappel, la viande « cultivée » est produite à partir de cellules animales qu’on cultive ex-vivo (en dehors du corps de l’animal). On parle alors, « d’agriculture cellulaire ». Du coup, pas de fermiers ni éleveuses dans cette usine, mais des bio-ingénieurs et des scientifiques. Sur viandecultivee.be, on apprend que la culture de cette « vraie » viande se fait dans « des cuves similaires à celles utilisées pour la fermentation traditionnelle de la bière et du yaourt ». 

    2,8 tonnes de viande cultivée par an

    À l’origine de cette usine unique en son genre, une société appelée Ivy Farm et un financement de 30 millions d’euros. Sur son site, la compagnie écrit :  

    « Nous utilisons une nouvelle technologie créée à l’Université d’Oxford pour cultiver de la vraie viande hachée sans antibiotique. On appelle ça de la viande cultivée. Elle est riche en protéines, pauvre en graisses saturées et a un goût fantastique dans des saucisses, des boulettes de viandes ou un bol de spaghettis. »

    Pour le PDG, Rich Dillon, la construction de cette usine de viande de culture est une énorme avancée pour sa société et sa mission : « produire sans culpabilité de la vraie viande bonne pour la planète et les gens ». Grâce à un bioréacteur baptisé Betty et à ses 177 panneaux solaires, Ivy Farm espère bien produire 2,8 tonnes de viande cultivée par an. 

    Une alternative peut-être pas si durable que ça 

    Un rapport récent publié sur Oxford Economics estime qu'Ivy Farm pourrait injecter 2,1 milliards de livres dans l’industrie britannique et créer plus de 16 500 emplois d’ici à 2030. Une bonne nouvelle pour l’économie du pays donc, mais pour le reste… La viande « in vitro » divise encore. Des études récentes estiment même que la culture de viande « in vitro », pourrait avoir, sur le long terme, un impact environnemental supérieur à celui de l’élevage traditionnel. 

    L’année dernière notamment, le cabinet néerlandais CE Defl a publié une étude dont les résultats interrogent : pour être vraiment plus écologique et durable, la production de la viande artificielle devra se tourner exclusivement vers les énergies durables. Sans ça, elle aura certes une empreinte carbone inférieure à l’élevage classique… mais un score environnemental plus élevé que toutes les alternatives de « viande végétale ». A méditer devant votre assiette.

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