

Pour le climat et nos papilles, ce couple fait pousser des fruits exotiques en France
Faire pousser de la canne à sucre ou de la pitaya dans les Pyrénées, c'est le pari de Fred et Lili, un couple de pépiniériste français qui a réussi à reproduire un climat tropical sous serres afin de proposer des fruits exotiques bio, en circuit-court, en réduisant grandement leur empreinte carbone.
2021 M12 15
Quand on parle d’alimentation et d’environnement, un sujet revient presque tout le temps sur la table : celui de la viande. Parce que la viande pollue beaucoup (à cause des émissions de méthane, du transport, des conditions d’élevage) et que des alternatives végétales existent désormais pour continuer de se faire plaisir sans pour autant participer au réchauffement de la planète.
Mais la viande n’est pas le seul aliment très émetteur de gaz à effet de serre. En fait, il y en a beaucoup d’autres qui sont, à terme, menacés à cause du climat. C’est particulièrement le cas des produits exotiques que nous n’avons - jusqu’ici - jamais réussi à faire pousser dans l’Hexagone et donc nous raffolons pourtant : le café, le chocolat, la mangue, l’avocat, etc.
Alors, prêts à se passer de ces produits ? Non. Car dans le sud de la France, un couple d’irréductibles pépiniéristes est en train de réussir le pari de faire pousser une soixantaine de produits tropicaux dans leurs serres.

Gingembre, mangue et canne à sucre made in France
Fred Morlot et Lili Blandin se sont lancés dans l'acclimatation de fruits, légumes et aromates venus de l’île de la Réunion en 2017. Dans leurs onze serres, cette ancienne infirmière et ce pépiniériste font désormais pousser des dizaines de plants : gingembre, canne à sucre, mangue, pitaya ou encore bananiers.
C’est lors d’un voyage à la Réunion que le couple a l’idée de ce pari totalement fou. Après de nombreux allers/retours et un travail d’étude très précis des paramètres de cultures (qualité du sol, typologies de plants), ils arrivent à sélectionner des espèces qui sauront s’adapter au climat de Perpignan, où le couple est installé.
Depuis quelques années, ils arrivent désormais à produire un volume important de fruits et légumes, près d’une tonne de bananes et près de 20 tonnes de fruits de la passion par an, qu’ils peuvent ensuite vendre aux restaurateurs de la région dans une logique de circuit-court. Évidemment, la production est garantie sans pesticides via un travail du sol et par les bienfaits de la polyculture : les plantes s’entraident pour lutter contre les nuisibles.

Kiwi, cacahuètes : certaines espèces déjà présentes en France
En Italie, de nombreux producteurs abandonnent progressivement la culture d’agrumes pour se tourner vers des fruits tropicaux. Nos voisins transalpins exportent environ 1 400 tonnes de fruits de la passion “bio” chaque année. Une production multipliée par 60 ces 5 dernières années.
En France, la prouesse de Fred et Lili nous rappelle que, depuis quelques années, d’autres produits de régions tropicales ou exotiques ont déjà trouvé leur ancrage sur le sol français. En Bretagne et en Pays de la Loire, par exemple, les exploitations de kiwi ou de Quinoa se multiplient. En Mayenne, un agriculteur s’est également mis, récemment, à faire pousser des cacahuètes. Un test réussi sur une petite surface (1 500 m2) et qui va être industrialisé cette année.
De nouvelles cultures qui nous rappellent que le changement climatique pousse de nombreuses espèces végétales à migrer vers de nouvelles régions. Il y a quelques années, par exemple, la maison de Champagne Taittinger a inauguré un vignoble dans le sud de l’Angleterre, dont le climat est désormais propice à cette culture. Comme quoi, tout peut arriver.