Dans cette ville hollandaise, les publicités pour la viande sont interdites

La production à grande échelle de viande est ultra-polluante. Alors pourquoi pousser à sa consommation ? C'est la question que s'est posée la ville de Haarlem, aux Pays-Bas, qui a décidé d'interdire sa publicité. Impensable en France, vraiment ?
  • Saviez-vous que la production de viande à l'échelle mondiale est une des principales causes du réchauffement climatique ? Déjà, en 2013, l'organisation de l'ONU pour l'alimentation, la FAO, estimait que l'élevage contribuait à 14,5 % des émissions de gaz à effet de serre produites par l'être humain. En plus, consommer à l'excès, elle devient dangereuse pour la santé. Selon une étude de la Oxford Martin School, si tous les habitants du monde adoptaient un régime plus équilibré (moins de viande, plus de fruits et légumes), 5,1 millions de décès seraient évités.

    Alors... Si on ne peut pas obliger les gens à arrêter de manger de la viande, on peut au moins arrêter d'en faire la promotion. C'est le choix audacieux qu'a fait une petite ville du nord-ouest des Pays-Bas, Haarlem. 

    Plus de publicité pour les produits carnés

    La petite commune d'Haarlem est connue pour les champs de tulipes qui l'entourent, ses musées d'Art et ses « hofjes » (des petites cours privées et verdoyantes). Mais si elle fait parler d'elle depuis peu, c'est parce que la Mairie a pris une décision radicale pour lutter contre le réchauffement climatique. Ainsi, la ville annonçait en septembre 2022, sur son site internet, sa volonté de bannir les pubs pour les produits carnés de ses rues. 

    La Mairie d'Haarlem a donc discuté avec ses différents opérateurs publicitaires, les invitant à ne pas renouveler les contrats concernant des produits de l'industrie de l'élevage industriel. À partir de 2024, les quelque 250 000 habitants de la commune devraient ainsi ne plus être exposés aux publicités pour aliments carnés. 

    « Nous voulons être une ville saine pour les gens et les animaux. Pour cette raison, le collège des bourgmestres et des échevins de Haarlem a récemment accepté une proposition du conseil municipal de Haarlem. La proposition est d'exclure les campagnes pour les produits carnés issus de l'élevage industriel lors de la conclusion de nouveaux contrats avec les opérateurs publicitaires. »

    Dans le monde, la production de viande consommable représente
    quelque 2000 animaux tués chaque seconde
     

    Et en France, ça peut se faire ?

    Honnêtement, une telle option semble mal engagée... On parle ici du pays du foie gras, du bœuf bourguignon et de la blanquette de veau. Il suffit de regarder les panneaux publicitaires, écouter la radio ou allumer la TV... Certes, la publicité pour les alternatives à la viande s'est largement développée ces dernières années, mais celle de la viande aussi. De la « bonne » viande en tout cas. Par exemple, les pubs pour le Label rouge ont littéralement envahi notre espace médiatique. En même temps, il a été créé en 1960 sous l'impulsion du ministère de l'Agriculture.

    La faute à qui ? Sans doute en grande partie aux lobbies de la viande. Quésaco ? 25 organisations professionnelles et interprofessionnelles qui défendent les intérêts des filières viande. Au cours de l'année 2021, Greenpeace a enquêté « pour mieux comprendre, décortiquer et prouver l’influence des représentants des filières de viandes dans nos vies ». Le rapport de cette enquête est édifiant : le « science-whasing », le marketing scolaire, jouer sur les clichés et les valeurs des Français.es... Selon l'ONG, les lobbies de la viande ont une méthode bien rodée pour accroître une influence déjà tentaculaire. 

    D'ailleurs, la baisse de la consommation de viande bovine observée depuis 10 ans en France a marqué une pause en 2021... Alors que nos écrans sont envahis de publicités pour le Black Friday, et si on apprenait à résister à ces appels incessants à la consommation ? Que ce soit pour la viande ou pour un écran plat, le mieux, c'est quand même de réfléchir à l'impact de nos achats avant de les effectuer, non ?

    Crédit photo : Flickr Ted Eytan.

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